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En Inde, une chanteuse oubliée depuis plus de 35 ans revient en pleine lumière

Son album "Disco Jazz" est devenu culte depuis deux ans sur internet a même été réédité. Son interprète, aujourd’hui âgée de 64 ans, ne s’attendait pas à un tel succès.

Article rédigé par franceinfo, Antoine Guinard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Rupa Biswas Senavec son album "Disco Jazz" (1982), postée sur son compte Instagram.  (CAPTURE D'ECRAN)

Rupa Biswas Sen savoure : Disco Jazz, l'album qu'elle a enregistré en 1982, est devenu culte depuis deux ans sur internet a même été réédité récemment par un label américain. Pour Rupa Biswas Sen, 64 ans, cette reconnaissance et ce regain d'intérêt sont inespérés de la part du public pour son album. La chanteuse a d'ailleurs créé plusieurs comptes sur les réseaux sociaux, où elle pose avec la pochette de Disco Jazz dans les mains, et publie les articles qui lui sont consacrés, et qui se multiplient depuis plusieurs mois.

Rupa Sen avait abandonné ses rêves de devenir chanteuse peu après l’enregistrement de Disco Jazz, en 1982. Ce vinyle a été enregistré à Calgary, au Canada, et il a été autoproduit par ses deux frères.

Depuis, elle a fondé une famille et travaille en tant que journaliste indépendante. L’album ne s’était vendu en Inde qu’à une poignée d’exemplaires à l’époque. Aujourd’hui, à l’entendre rechanter le morceau Aaj Shanibar, devenu un tube sur internet, on a l'impression que Rupa Biswas a retrouvé sa jeunesse.

Un album rétro unique en son genre

Cet album, qui n'a connu aucun succès à sa sortie, est depuis devenu culte en partie grâce à une premiere réédition non officielle par un label allemand et l’utilisation des morceaux de Disco Jazz pour la bande originale d’un film Bollywood en 2012. La diffusion des morceaux sur internet a ensuite permis à un public plus large d’apprécier cet enregistrement, de la pop disco aux accents de musique classique indienne, qui reste assez unique en son genre et garde ce charme rétro sans sonner trop démodé.

Pour Ashutosh Sharma, le fondateur du label Amarass Records à New Delhi qui presse ses propres vinyles, l’histoire de Rupa Sen rappelle celle du compositeur indien Charanjit Singh, disparu en 2015 à l'âge de 75 ans, aujourd’hui considéré par les amateurs de musique électronique comme le précurseur de l'acid house. "Charanjit Singh travaillait à Bollywood, il faisait beaucoup de musique expérimentale, il a enregistré plusieurs albums. A un moment donné, il en a eu marre et il est parti avec son matériel et a enregistré l’album 10 Ragas to a Disco Beat, qui n’a pas du tout marché dans les années 80. C’est plus tard, sur la scène électro en Allemagne, que quelqu’un a remarqué cet album et a réalisé que c’était de la acid house, composé avant même l’émergence de ce genre musical”, explique Ashutosh Sharma. 

Les originaux se vendent à prix d'or 

Pour l’instant, Rupa Biswas Sen se contente de cette reconnaissance pour sa musique. Elle affirme sans amertume n’avoir reçu aucune rémunération pour Disco Jazz. Elle pourrait toutefois bientôt vouloir récupérer son dû pour cet album, dont les originaux se vendent à plusieurs centaines d’euros. 

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