En Libye, le ras-le-bol des ingérences étrangères, dix ans après l’intervention militaire occidentale
Les Libyens sont épuisés par les conflits, dix ans après l'intervention militaire des Occidentaux. Les habitants refusent désormais toute ingérence extérieure.
C'était il y a dix ans, jour pour jour : "Aujourd'hui, nous intervenons en Libye sur mandat du Conseil de sécurité de l'ONU, déclarait le président français, Nicolas Sarkozy. Nous le faisons pour protéger la population civile de la folie meurtrière d'un régime, qui, en assassinant son propre peuple a perdu toute légitimité. La France est décidée à assumer son rôle devant l'Histoire."
Le bilan de cette intervention, aujourd'hui est tout simplement catastrophique. Le pays a sombré. "Je m’en veux d’avoir fait la révolution", confie à franceinfo un Libyen d'une trentaine d'années.
Nous devions bâtir une démocratie, mais j'ai contribué à faire plonger mon pays dans la guerre civile.
Un jeune Lybienà franceinfo
Comme la plupart de ses concitoyens, il est atterré par ce qui s’est produit cette dernière décennie. Certes, il exécrait le colonel Kadhafi, mais à choisir entre la dictature et la guerre civile, il regrette aujourd’hui d’avoir contribué à la chute du régime.
Ce sont des centaines de milices qui contrôlent et se disputent désormais les richesses du pays et aussi tous les trafics : d’armes, d’essence, de drogue, de migrants… Il n’y a pas de véritable armée, pas de véritable police. Les Libyens sont épuisés par les conflits.
"L’ONU doit quitter le pays"
Les parties en conflit viennent de s’entendre sur un seul et unique gouvernement qui doit mener le pays en fin d’année à des élections. Mais cela soulève surtout de la méfiance. Autant, les Libyens ont applaudi l’intervention internationale en 2011, avec la France en fer de lance. Autant, aujourd'hui, les Libyens demandent, particulièrement à la France, de se tenir à distance. Ils n’en peuvent plus des ingérences.
"L’ONU doit quitter le pays, cesser d’interférer", explique un homme, rencontré au milieu de décombres, à cinq kilomètres à peine du centre-ville de Tripoli. "L'ONU soutient systématiquement une région au détriment d’une autre. Les étrangers attisent le conflit. On n’en peut plus des kidnappings, du sang, des guerres, des destructions." Même des miliciens interrogés insistent : "Dites vraiment dans vos reportages qu’on ne souhaite que la paix." En Libye, même les milices sont épuisées par la guerre.
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