En Moldavie, la guerre en Ukraine menace toujours de s'étendre à la Transnistrie
Pour étendre leur contrôle sur le sud de l'Ukraine, les Russes envisagent de renforcer leur main-mise sur la Transnistrie, une république séparatiste pro-russe rattachée à la Moldavie.
C'est une minuscule région au nord-est de la Moldavie, où la guerre en Ukraine menace toujours de s'étendre : la Transnistrie. Arrachée par les russophones au printemps 1992, elle s'est transformée en une république autoproclamée avec l'aide de Moscou. Pour mieux contrôler le sud de l'Ukraine, les Russes s'intéressent à nouveau à ce bout de terre, pour l'annexer à leur territoire.
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Les inquiétudes concernant les visées russes sur la Transnistrie ne datent pas d'hier. On parle en effet de cette possibilité depuis l'annexion de la Crimée en 2014. Cependant, pour arriver à Tiraspol, la capitale de la Transnistrie, il faudra d’abord passer par Odessa, le grand port ukrainien sur la mer Noire, que Kiev n'est pas près de lâcher. "Tant qu’Odessa est forte et résiste, je me sens encore en sécurité", explique Irina Tabaranu, spécialiste modalve de la région.
"Si Odessa tombait complètement, la jonction avec la Transnistrie, qui est le territoire officiel de la République de Moldavie, serait sans doute réalisée. Or il s’agira à ce moment-là d’une jonction avec la République de Moldavie ! Plus personne ne sera alors en sécurité."
Irina Tabaranu, spécialiste moldave de la Transnistrieà franceinfo
L'inquiétude gagne également les dirigeants politiques. "Je mentairais si je disais que nous ne sommes pas inquiets", confesse le jeune vice-président du Parlement moldave, Mihai Popsoi. "Il y a certainement un niveau accru d’anxiété parmi le public et les décideurs politiques. Les soi-disant dirigeants de la Transnistrie ne veulent pas la voir devenir un autre Donbass et une zone de guerre ou bien que Tiraspol devienne une autre Marioupol. Personne de bonne foi ne voudrait cela pour sa communauté."
La Russie surveille étroitement la région
Preuve que les Russes s'intéressent de près à la région, Tiraspol, la capitale de la Transnistrie, est étroitement surveillée. Le gouvernement local continue de parler de "menace terroriste" après les mystérieuses explosions qui ont frappé plusieurs sites stratégiques fin avril. Les troupes russes sont visibles mais les passants font semblant de les ignorer. "Si les dirigeants politiques locaux, ainsi que ceux de l’armée, estiment que les circonstances sont bonnes, ils aideront l’armée russe. Mais pour le moment, ils craignent plutôt de se fâcher avec les Ukrainiens", explique Victor Pleshkanov, 58 ans. Originaire de Tiraspol, il est donc citoyen russe mais un farouche opposant à l’occupation. "C’est une très grande chance pour en finir avec la Transnistrie ! Une grande opportunité !"
Viktor estime que les citoyens de la Transnistrie n’ont pas envie de faire la guerre aux côtés des Russes mais préfèrent rester chez eux. Mercredi 18 mai, lors d'un discours prononcé au Parlement européen à la veille de son voyage à Paris, Maia Sandu, la présidente de la Moldavie, avait d'ailleurs demandé le retrait des troupes russes installées en Transnistrie, sur le territoire donc de son pays.
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