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En Serbie, un projet de mine géante, officiellement arrêté, continue à inquiéter riverains et écologistes

L'entreprise minière Rio Tinto continue d'acheter des terre à proximité du site, malgré l'arrêt du projet en janvier 2022 par le gouvernement serbe.
Article rédigé par franceinfo - Louis Seiller
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Manifestation à Belgrade contre le projet Jadar de Rio Tinto, le 15 janvier 2022. (NANGKA PRESS / HANS LUCAS)

Pour effectuer la transition énergétique qu’elle appelle de ses vœux, l’Union 
européenne cherche à assurer ses approvisionnements en minerais, et des projets miniers
voient le jour un peu partout sur le continent. C’est notamment le cas en Serbie où une ex-future mine de lithium géante est fortement contestée par la population.

Fin 2021, des mobilisations d’une ampleur inédite avaient agité la Serbie pendant plusieurs semaines. Inquiets pour leur environnement et leur santé, les Serbes étaient descendus dans la rue par dizaines de milliers pour bloquer des autoroutes et s’opposer à un projet industriel : le projet Jadar de la multinationale Rio Tinto. Cette entreprise anglo-australienne cherche depuis depuis plusieurs années à extraire du lithium et du borate dans l’ouest de la Serbie. Ces deux minerais sont des composants essentiels à la fabrication des panneaux solaires et des batteries électriques, et Rio Tinto a indiqué vouloir investir plus de deux milliards d’euros en Serbie, afin d’y ouvrir la plus grande mine de lithium d’Europe, capable de produire plus d’un million de batteries par an.

Le projet officiellement enterré

Face à l’opposition massive des citoyens, le gouvernement serbe avait dit comprendre les inquiétudes des manifestants et, en janvier 2022, à quelques semaines des élections générales, il avait officiellement mis "un point final" au projet Jadar. Mais plus d’un an après, bien que le projet soit toujours officiellement arrêté, Rio Tinto continue d’acheter à prix d’or les terres de la vallée, et la multinationale minière subventionne de nombreuses activités locales. Côté responsables politiques, le projet est soutenu par le président serbe lui-même, qui n’hésite pas à stigmatiser les opposants et les écologistes. Nebojsa Petkovic par exemple, subit régulièrement des pressions depuis qu’il se mobilise pour défendre sa vallée du Jadar : "Le président dit que nous sommes des ennemis de l’État, que nous bloquons le développement du pays. Que cette mine de lithium et ce projet Jadar sont une énorme opportunité pour la Serbie, explique-t-il. Voilà le genre de mensonges qu’il présente au public."
 
Ces dernières années de nombreuses entreprises étrangères sont venues en Serbie pour exploiter les ressources minières du pays, et d’autres projets seraient sur la table du gouvernement serbe. Mais comme les autorités sont régulièrement ébranlées par des scandales de corruption, une majorité de Serbes perçoivent le projet de Rio Tinto comme un symbole de l’exploitation clientéliste de leur environnement, et une pétition contre cette mine de lithium a recueilli plus de 300 000 signatures.

"Il y a beaucoup de corruption, et les normes environnementales de base ne sont pas prises en compte."

Savo Manojlovic

à franceinfo

Le militant écologiste Savo Manojlovic dénonce les conséquences environnementales de ces projets industriels : "Les Chinois obtiennent des autorisations pour ouvrir des usines polluantes et dans le même temps, on laisse des entreprises occidentales comme Rio Tinto contourner les lois de la République de Serbie." Face à ces critiques, Rio Tinto a assuré que sa mine de lithium respecterait les plus hauts standards environnementaux. Selon les médias locaux, le projet Jadar bénéficierait d’importants soutiens américains et européens, et notamment du secteur automobile allemand.

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