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COP 26 : En Serbie, la lutte contre un vaste projet de mine pour produire du lithium

Le demande en minerais est de plus en plus grande. En Serbie, la multinationale anglo-australienne Rio Tinto veut s'emparer du plus important gisement de lithium.

Article rédigé par franceinfo - Louis Seiller
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Du carbonate de lithium produit en Turquie. Photo d'illustration. (ALI ATMACA / ANADOLU AGENCY)

À quelques jours de l’ouverture de la COP 26 dimanche 31 octobre à Glasgow, beaucoup veulent accélérer la transition énergétique vers une économie décarbonée. Mais cette ruée vers le solaire ou les batteries électriques donne aussi lieu à une course aux minerais qui suscite de nombreuses oppositions un peu partout sur la planète, comme par exemple en Serbie. La multinationale anglo-australienne Rio Tinto veut exploiter l’un des plus importants gisements de lithium au monde.

Il se situe dans la région de Loznica dans l’ouest de la Serbie. Dans la vallée agricole du Jadar, le groupe minier a découvert de gigantesques réserves de jadarite. Il s'agit d'un minéral qui n’est connu pour l’instant que là-bas et qui permet notamment la production d’acide borique et de carbonate de lithium. Des composants très recherchés en ce moment car ils sont nécessaires à la fabrication des panneaux solaires et des batteries électriques. Le potentiel gigantesque du sous-sol serbe, intéresse beaucoup Rio Tinto qui a annoncé vouloir investir plus de 2 milliards d’euros dans le pays. Grâce à ces minerais, l’entreprise compte produire des millions de batteries électriques et s’imposer comme le premier producteur de lithium en Europe.

Le projet de Rio Tinto est soutenu par le gouvernement, mais il est loin de faire conscensus en Serbie. Depuis quelques mois, ce projet de mine géante s’est imposé dans les débats politiques et il est maintenant au cœur des préoccupations des citoyens serbes.

Si Rio Tinto rencontre une telle opposition, c’est parce que la multinationale n’a pas vraiment été irréprochable par le passé. En Papouasie Nouvelle-Guinée par exemple, les pollutions liées à ses mines d’or sont accusées d’avoir déclenché une guerre civile qui a fait plus de 15 000 morts. Plus récemment en Australie, pour extraire toujours plus de fer le groupe a choisi de dynamiter un site aborigène sacré, vieux de 46 000 ans.

Dans la vallée du Jadar en Serbie, les habitants s’inquiètent de l’impact de la mine et de ses futurs déchets. "Le Jadar, la Drina, la Sava et le Danube, toutes nos rivières sont en danger, note Marijana Petkovic, elle fait partie du collectif "Ne donnons pas le Jadar" qui réclame l’abandon du projet.  Les gens de Rio Tinto reconnaissent qu’il y aura des pollutions, mais ils disent seulement qu’elles seront limitées. Mais quelles sont les limites pour Rio Tinto ? On a vu ce qu’ils ont fait en Papouasie-Nouvelle Guinée, à Madagascar : ils ont tout détruit et tout empoisonné !", s'inquiète-t-elle.

Un référendum sur le projet

Si les citoyens serbes sont inquiets, c’est aussi parce que la Serbie subit déjà de nombreuses pollutions. Notamment à cause de sa dépendance au charbon, la Serbie est l’un des pays les plus pollués d’Europe. Mais ces pollutions ne sont pas vraiment la priorité des dirigeants serbes qui tiennent surtout à séduire les investisseurs, notamment chinois.

Avec cette mine de lithium, beaucoup de citoyens serbes craignent d’être les victimes indirectes de la transition énergétique de l’Union européenne. À six mois des élections nationales, le Président serbe a annoncé la tenue d’un référendum pour décider de l’avenir du projet.

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