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L'émotion en Afrique du Sud après la mise aux enchères d’une clé de la cellule de Nelson Mandela

L'ancien président sud-africain a été enfermé 18 ans dans une île-prison, Robben Island. La mise aux enchères de l’une des clés de sa cellule a provoqué une vive polémique dans le pays. Car plus qu’une clé, "c’est un symbole".

Article rédigé par franceinfo - Romain Chanson, édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Nelson Mandela a passé 18 ans en détention sur l'île-prison de Robben Island, au large du Cap (Afrique du Sud). (FLORIAN LAUNETTE / MAXPPP)

La mise aux enchères d’une clé aux États-Unis a provoqué une vive polémique en Afrique du Sud. Car cette clé n’ouvrait pas n’importe quelle porte. C’était l’une des clés ouvrant la cellule de Nelson Mandela à Robben Island, l’île-prison où l’ancien président sud-africain a passé 18 de ses 27 années de détention, au large du Cap.

Elle a été confiée à une maison d'enchères new-yorkaise par Christo Brand, ancien geôlier et ami de Nelson Mandela. C'était une clef qui s'était cassée en deux au début des années 1980 et qui avait été mise de côté par Christo Brand. Il l’a retrouvée dans ses affaires en 2018 et l'a versée à une exposition sur Nelson Mandela qui est en cours aux États-Unis, avant de la proposer à la vente à New-York.

C'est là que la polémique éclate. Cette clef ce n'est pas seulement un objet, c'est plus que cela, explique Mpho Masemola, secrétaire adjoint de l'association des anciens prisonniers politiques d'Afrique du Sud.  

"Cette clef est le symbole de notre liberté."

Mpho Masemola, secrétaire adjoint de l'association des anciens prisonniers politiques d'Afrique du Sud

à franceinfo

"Elle est associée à la libération des prisonniers politiques de Robben Island", poursuit Mpho Masemola qui trouve "inquiétant" de la voir mise aux enchères. "Cette clef appartient aux Sud-Africains", martèle-t-il.

La vente devait financer un mémorial

Christo Brand explique qu'il a été approché par une fille de Nelson Mandela, Makaziwe Mandela, qui lui a proposé de la mettre en vente pour financer un mémorial, un jardin à Qunu, dans la province du Cap-Oriental où est enterré Nelson Mandela. Mais pour Mpho Masemola, l'ancien détenu, ces explications ne sont pas convaincantes. Il demande le rapatriement de la clef : "On serait content si Christo Brand et la maison de vente aux enchères pouvaient faire amende honorable et ramener la clef. Elle appartient à l'État, elle doit être enregistrée et versée aux archives nationales."  

Face au tollé, le gouvernement a réussi à interrompre la vente aux enchères qui devait se dérouler le 23 janvier. Il affirme travailler au rapatriement de la clef qu'il considère comme un patrimoine national. Cela reste à démontrer, a réagi Andrew Russell, porte-parole et agent de Christo Brand. Invité de l'émission Cape Talk, il a pris la défense de son client.

"Les fruits de la vente devaient servir intégralement au financement du mémorial. Christo n'aurait rien perçu."

Andrew Russell, porte-parole et agent de Christo Brand

à franceinfo

"En attendant, et après avoir consulté ses avocats, Christo a demandé à la maison de vente aux enchères de retirer la clef. Nos avocats n'hésiteront pas à prendre des mesures légales contre n'importe quel individu ou organisation qui fait des déclarations diffamatoires à l'encontre de Christo", poursuit Andrew Russell.

Christo Brand avait mis d'autres objets en vente : un vélo d'appartement de Mandela quand il était en prison et une copie signée de la Constitution. Le ministère de la Culture demande leur évaluation pour savoir s'ils font eux aussi partie du patrimoine national sud-africain.

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