"Regardez toutes ces ordures" : en Inde, les habitants de Bangalore luttent contre la pollution sévère de l'eau
Présentée comme la Silicon Valley indienne, Bangalore est également tristement connue pour la pollution catastrophique de ses eaux. Elle a été condamnée en 2018 à la tâche titanesque de rémédier au problème. État des lieux, trois ans plus tard.
Bangalore, la Silicon Valley de l'Inde, ce sont des sièges d’entreprises rutilants et une large classe moyenne au mode de vie moderne. La ville, qui a connu une croissance urbaine effrénée, est passée de 700 000 habitants dans les années 1950 à 13 millions aujourd’hui. Or, contrairement à beaucoup de mégapoles, Bangalore n’est pas traversée par un fleuve et se situe très loin de la mer.
Cette cité, autrefois réputée pour ses jolis lacs, n’a donc pas pu déployer les infrastructures nécessaires pour régénérer ses eaux. Le résultat est que certaines étendues d’eau prennent parfois feu tellement elles sont contaminées, comme au lac de Bellandur.
That isn't a nuclear mushroom. It's namma #BellandurLake when it went up in flames. Capture: @raahul_raahul pic.twitter.com/E7WBW7PEoI
— Kiron Sahadevan (@sgkiron) January 19, 2018
"Regardez toutes ces ordures à la surface de l’eau… Il y a même un chien mort !, décrit le militant environnemental Elangovan Kulandaivelu. Ce lac est situé dans une des vallées de Bangalore où s'écoulent 40 % des eaux de la ville, que ce soient les égouts ou les eaux de pluies. Ce que vous voyez, ce sont les détritus jetés par la population sur les routes. Mais un autre problème est que des égouts se déversent dans le lac. Il y aussi des industriels qui polluent illégalement. C’est pour ça que l’eau est si noire."
Cette pollution a des conséquences sévères pour les habitants les plus pauvres qui consomment indirectement l’eau, notamment une explosion des insuffisances rénales. Avec d’autres citoyens, Elangovan a donc fondé un groupe pour la régénération des lacs de Bangalore.
Une pression citoyenne pour faire réagir les autorités
De nombreux citoyens et scientifiques ont effectué des mesures de pollution et porté plainte auprès d’instances nationales. Résultat, le tribunal national écologique a condamné en 2018 la ville de Bangalore pour son laxisme. Elle doit désormais s’attaquer aux fuites d’égouts dans les lacs sous peine d’amende, mais la tâche est immense. Sur 1,3 milliards de litres consommés chaque jour par la ville, seuls 900 millions sont pour l’instant traités.
L’action du groupe d’Elangovan a aussi conduit à l'édiction de limites de phosphates dans les détergents pour toute l’Inde. Mais le projet le plus impressionnant a été initié par l'architecte Naresh Venkatraman en collaboration avec la municipalité : nettoyer de fond en comble le plus grand canal de Bangalore, sur 10 kilomètres, pour en faire un espace de promenade pour tous les habitants. "Ici, il y avait des millions de litres d’égouts et des tonnes de détritus. Mais après avoir vu les canaux de villes comme Paris, j’ai eu envie d’un espace public comparable pour Bangalore, explique Naresh Venkatraman.
"Nous voulons transformer cette rivière noire en atout vert."
Naresh Venkatraman, architecteà franceinfo
"C’est éprouvant de travailler avec toutes les agences gouvernementales. Mais je pense que ce projet va devenir un succès", déclare l'architecte avec optimisme.
Après un an de travaux, la qualité de l’eau s’est déjà améliorée. Mais il faudra encore combler les fuites d’une centaine d’égouts pour que les habitants de la grande ville du Sud puissent se promener au bord d’une eau propre.
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