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En un mot. Pauvres ministres : ces inconnus, envoyés spéciaux du président

Le mot de l'actu du jour est : ministre. Cela n'aura échappé à personne, surtout pas à Nathalie Bourrus.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président de la République Emmanuel Macron, le 17 mai 2018, à Sofia (Bulgarie). (LUDOVIC MARIN / AFP)

Ministre. Mot qui vient du latin minister et du mot minus qui signifie inférieur ou encore serviteur. Ce n’est pas gentil ça. La vie de ministre est cruelle. Après avoir passé une année dans l’ombre de leurs bureaux, à crouler sous les dossiers, à s’acclimater à ce nouveau job H24, Emmanuel Macron les somme de sortir voir le soleil.

Attention, ça peut leur brûler les yeux. Tels des zombies, enserrés dans des diktats de résultats, le président veut que sa bande sorte le nez dehors. D’un coup, d'un seul, telle une armée de gladiateurs, ils et elles vont aller porter, jeudi soir, la belle parole. Allez, on sort des toiles d’araignées, on prend le train ou la bagnole et on va sur les petits chemins de France, quitte à se cramer le visage.

Dans le Sud

Certains seront les envoyés spéciaux dans le sud de notre hexagone. Nicolas Hulot sera dans le Var, aux Arcs-sur-Argens. On croise les doigts pour lui. C’est le ministre aux états d’âmes, qui se tâte pour finir le job, donc ce n’est pas gagné. Bruno Le Maire est expédié à Pessan. Marlène Schiappa à Alès. Elisabeth Borne à Toulouse. Certains ont moins de bol. Madame le Garde des sceaux ira à la Motte-Achard. Frédérique Vidal à Panzoult.

Benjamin Grivaux va à Hennebont. Mais lui, il s’en fiche, il a l’habitude, il fait déjà ce genre d’exercice de style et c’est même lui qui a donné les consignes à la bande a Macron : "Ils auront, va-t-il expliqué, des fiches thématisées pour avoir les sujets bien en tête. Et je passerai un peu de temps au téléphone avec ceux qui sont demandeurs pour leur raconter comment ça se passe pour moi." Ah cool… me voilà rassurée.

Discours fictifs

Enfin, je ne sais pas. Nicolas (Hulot), il n'a pas l’air en super forme. Il va falloir le briefer longtemps au téléphone, pour qu’il défende bec et ongles le nouveau statut des cheminots. Hum… ce n’est pas gagné cette affaire. Imaginez un ministre qui pète les plombs (parce qu’ils sont très fatigués, parait-il…) : "Mais oui les cheminots, les zadistes, on est avec eux ! Mais on n’a pas l’droit d’le dire !" Ou la ministre de la justice qui se met à déblatérer : "Le consentement sexuel a 15 ans, c’est nuuuul, on le sait tous !" Ou "l’égalité hommes-femmes, mais enfin, personne n’y croit !" Bon, ça on le sait déjà. Ou : "Les fichiers S, y’en a ras l’bol ! Ils nous font même le coup de la cavale ! On en peut pluuus !" 

Ce serait plus une armée de gladiateurs. Mais une horde de fous dingues, qui n’ont pas dormi depuis un an. En fait, je ne sais pas si c’est une bonne idée de leur faire prendre l’air. Plus j’y pense, plus j’ai peur pour eux.

En un mot : il y a quand même quelques petits malins qui s’en tirent bien. Edouard Philippe, Christophe Castaner et Julien Denormandie échappent à ce dur labeur populaire. Il y a les premiers de cordées et les autres, ceux qui tiennent la corde.    

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