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Christian Jacob : attaquer tout le monde… pour ne se fâcher avec personne

Alors que la gauche est en train de conclure une alliance, que se passe-t-il du côté des Républicains ? Après le faible score de Valérie Pécresse à l’élection présidentielle, le parti apparaît isolé dans la perspective des législatives. Une situation qui l'acculerait à l’invective.

Article rédigé par franceinfo - Clément Viktorovitch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Clément Viktorovitch dans Entre les lignes, sur franceinfo, le 5 mai 2022. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

La meilleure défense, c’est l’attaque… En tout cas, c’est manifestement ce qu’estime Christian Jacob. Le président des Républicains était jeudi 5 mai l’invité de France Inter, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne s’est pas montré avare en gentillesses. À propos par exemple de l’union entre les quatre principaux partis de gauche : "C'est tout et n'importe quoi. Tambouille de com, tambouille électoraliste, cette mise en scène est invraisemblable. À La France insoumise, ils ont une idée : c'est le chaos, le blocage. Ils ne pensent qu'à ça."

"Ce que la gauche est en train de faire, c'est se ridiculiser totalement."

Christian Jacob

à France Inter

Apparemment, Christian Jacob n’a pas été convaincu par la Nouvelle Union Populaire, Ecologique et Sociale ! Tous les mots du lexique sont péjoratifs, les arguments sont au mieux réduits à leur plus simple expression, au pire inexistants, et on a même l’émergence de quelques superlatifs – La France insoumise ne prônerait pas seulement le chaos, mais bien le chaos "absolu".

Cela étant, c’est encore avec la gauche que Christian Jacob se révèle le plus aimable. Voici ce qu’il pense de ses anciens collègues républicains, qui ont décidé de rejoindre Emmanuel Macron : "Édouard Philippe, il a mis le feu sur tous les ronds-points de France, en étant complètement fermé, obtus, ne comprenant pas le pays. Bruno Le Maire, c'est la gabegie financière totale. L'attitude d'Éric Woerth est assez pathétique. Je veux bien qu'ils aient eu du plaisir à être ministre, mais en réalité qu'ont-ils apporté à l'intérêt général ? Rien."

Emmanuel Macron, "un échec total"

Il n’y a que des superlatifs, nous sommes dans la disqualification totale de ces responsables. Mais ce n’est encore pas ce que Christian Jacob peut faire de mieux. Ses plus belles saillies, il les réserve au président de la République : "Les positions d'En Marche, on est dans le boniment ! Emmanuel Macron, on le sait, est incapable de porter quelque réforme que ce soit, incapable d'avoir une ligne sur quoi que ce soit. On est dans un parisianisme, une bureaucratie... C'est tout et n'importe quoi, aucune vision sur rien. Cela a été un quinquennat pour rien, c'est l'échec total sur ce quinquennat."

Cette fois ça y est, bingo, Christian Jacob a officiellement épuisé les superlatifs dépréciatifs que lui offre la langue politique, et le tout en seulement 25 minutes. Le président des Républicains a quand même mollement rappelé les principales réformes avancées par Valérie Pécresse, mais il se trouve que, du propre aveu de celle-ci, elles sont extrêmement proches du projet défendu par Emmanuel Macron.

"L'ancrage territorial" pour se distinguer

Que reste-t-il, alors, aux Républicains pour marquer leur différence ? Une dernière chose : "Je crois à l'ancrage territorial de nos élus, et c'est là que nous, Républicains, faisons la différence. Je crois au bon sens et à la réalité du terrain. Des élus ancrés sur le terrain, en proximité avec leurs concitoyens : nous sommes là pour représenter les territoires."

L’ancrage territorial, donc : voilà ce qui singulariserait le projet porté par les Républicains. Le problème, c'est que ce n'est pas une proposition. Revendiquer d’avoir des élus locaux, c’est un résultat, éventuellement un succès, mais en aucun cas un projet politique. Il n’y a aucun fond derrière l’expression "ancrage territorial".
Et quelque part, on peut le comprendre ! Il faut se souvenir que les Républicains souffrent actuellement de profondes fractures, entre un courant qui n’aurait pas été contre rejoindre le chef de l’État, un autre qui lorgnait du côté de Marine Le Pen ou d’Éric Zemmour, et un troisième qui cherche encore une troisième voie entre ces deux blocs politiques.

Le problème de Christian Jacob, en tant que président du mouvement, c’est de maintenir l’unité en dépit des divisions. Et pour ne s’aliéner personne, la solution la plus simple, c’est encore d’en dire le moins possible. Voilà pourquoi il passe autant de temps à invectiver ses adversaires : c’est finalement la meilleure manière de ne se fâcher avec aucun partenaire.

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