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Expliquez-nous... les Anonymous

Trois pirates informatiques âgés de 22 à 27 ans sont jugés ce mardi devant le tribunal correctionnel de Paris, pour avoir récupéré et mis en ligne les coordonnées de 541 policiers. Les faits remontent à 2012. les prévenus se réclament d'Anonymous
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Anonymous n'est pas une organisation, n'est pas un club. Il n’y a aucune hiérarchie, pas de chef, pas d'unité sociologique, géographique, une vraie nébuleuse. Est "Anonymous" qui décide de l'être et de passer à l'action, en pratiquant la désobéissance civile sur internet. C'est une mouvance, comme disent les autorités. C'est plutôt  "une conscience collective", "une idée" selon les principaux intéressés.  Pas de violence physique, mais donc cette idée fixe qui fédère ces activistes partout dans le monde : celle de défendre internet en tant qu'espace de neutralité et de liberté. Ils communiquent, ils s'organisent grâce à des sites communautaires IRC, c'est à dire des espaces de discussions sur internet,  ou avec des documents partagés.

Dans la panoplie Anonymous, il y a aussi bien sûr, le fameux Masque de Guy Fawkes, visage blanc, rictus figé, moustache fine, barbichette. Guy Fawkes révolutionnaire anglais du 17ème siècle, catholique, c'est l’un des protagonistes de la  "conspiration des poudres", une tentative d'attentat au parlement de Westminster, le 5 novembre 1605. Depuis Alan Moore et David Lyod auteur de la BD "V pour Vendetta" dans les années 80 ont affublé leur personnage principal anarchiste d'un masque à l'effigie de Guy Fawkes, puis il y a eu l'adaptation au cinéma en 2006, achevant de populariser cette figure révolutionnaire, et donc ce visage, ce masque surtout.

Anonymous c'est aussi une devise scandée de façon systématique, dans les vidéos mises en lignes pour revendiquer leurs attaques qui dit :  "Nous sommes Anonymous. Nous sommes légion. Nous ne pardonnons pas. Nous n’oublions pas. Redoutez-nous"

Il y a donc des "codes" chez les Anonymous, un ton menaçant parfois. Mais pour quels combats ?

La grande époque des Anonymous commence fin 2010 va jusqu'en 2012. Ils soutiennent alors les révolutions arabes, en Tunisie, en Egypte. Ils mènent des cyber-attaques contre tous les pays qui pratiquent la censure sur Internet. Mais déjà en 2008 Anonymous s'en prenait pris à l'Eglise de scientologie. En 2012, après la fermeture du site très populaire "Mega-Upload" accusé d'avoir violé les lois de la propriété intellectuelle. Anonymous annonce qu'une "cyberguerre" a commencé contre le gouvernement américain mais aussi français. Ensuite les choses se compliquent avec une grande coordination internationale des services de polices et de renseignements qui lance une "chasse au hacker". Les Anonymous sont moins présents, moins visibles mais leur discours infuse. Leurs revendications sont reprises publiquement par des ONG, et parfois des partis politiques. Eva Joly candidate Europe Ecologie les Verts à la présidentielle de 2012 a estimé par exemple que les Anonymous menaient un "combat valeureux", tout en condamnant justement la divulgation de données personnelles de policiers et preuve que l'idée des Anonymous n'est pas morte, qu'ils sont encore actifs. Cette vidéo vues plus de six millions de fois sur YouTube, mise en ligne au lendemain des attentats du 13 novembre dans laquelle les Anonymous promettent de traquer les terroristes de Daesh en multipliant les cyber-attaques.

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