Anina Ciuciu, des camps Roms à la Sorbonne
Anina Cuicui a une envie féroce de réussir , elle qui a connu les camps sordides, la faim, la honte de faire la manche. Elle vit en France depuis l'âge de 7 ans, après avoir quitté clandestinement la Roumanie où sa communauté est pourchassée.
Anina dédie
son livre, Je Suis tzigane et je le reste , à ses parents
: "c'est grâce à leur soutien et à leurs encouragements que mes sœurs
et moi avons réussi dans nos études. Depuis le départ de la Roumanie, ils ont tout
sacrifié pour nous, pour nous permettre de réussir dans la vie".
"Etre
Rom en Roumanie, c'est vraiment difficile".
Anina
rappelle aussi qu'il "est difficile d'être salarié en Roumanie en étant
Rom. Cette discrimination perdure, même s'il y a des efforts de la part du
gouvernement, à l'école, au travail, dans les hôpitaux ou dans les restaurants" .
"On
avait une image idyllique du pays des droits de l'homme et de Voltaire".
A l'âge de
7 ans, elle est arrivée dans le plus grand camp de Roms en Italie. "On
a survécu, je dirais simplement cela" . Puis elle est arrivée avec sa
famille en France où ils ont été aidés par les services sociaux et par plusieurs familles. "Nous
avons eu la chance de rencontrer ces personnes exceptionnelles, aujourd'hui le système social en France n'offre plus la même chose aux gens qui sont arrivés comme nous" .
"On connaît
très mal la communauté Rom en France."
Anina aime
les études et veut être juge. "Mon rêve est d'être magistrat du
siège" . Elle vient de terminer ses examens de deuxième semestre à la Sorbonne.
En attente des résultats, elle avoue que c'était "une bonne année" .
Si elle n'a pas encore la nationalité française, elle se "considère
comme française" tout en gardant sa culture Rom.
Le livre : Je suis Tzigane et je le reste publié
chez City Editions
"Je m'appelle Anina, j'ai 22 ans et je suis Rom.
Avant d'arriver en France quand j'avais 7 ans, j'ai connu
les squats, les camps où on entassait les tziganes en Roumanie ou en Italie,
les chambres miteuses. Quand je suis arrivée ici, j'ai dormi dans un camion, je
n'ai pas toujours mangé à ma faim. J'ai même dû faire la manche dans la rue
pour survivre, et j'en ai gardé la trace d'une humiliation indélébile.
Mais je voudrais aussi vous raconter une autre vérité.
J'ai appris le français, puis j'ai obtenu mon bac S avec
mention. Aujourd'hui, je suis en maîtrise de droit à la Sorbonne.
Quand on a traversé ce que j'ai traversé, c'est qu'on a la
rage de réussir. De prendre une revanche sur la vie... Les Roms ne sont pas
seulement des personnes qui font la manche, des voleurs de poules. C'est une
communauté qui a une culture, une histoire. Il ne faut pas en avoir peur, il
faut juste essayer de nous comprendre et de nous donner une chance. Je n'ai pas
oublié d'où je viens et à travers mon histoire, je voudrais que l'on comprenne
qui nous sommes".
Parution : Mars 2013208 pages / Prix : 14,90 eurosAuteurs : Anina et Frédéric Veille
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