Covid-19, climat, Ukraine… Le tourisme condamné à se réinventer
Alors que débutent ce week-end les vacances d’hiver pour une partie des Français, les professionnels cherchent de nouvelles pistes (et pas que de ski) pour retrouver leur clientèle, comme l’explique cette Française en Autriche.
Les demandes des touristes ont changé : ils réservent de plus en plus tard et plus spontanément. Ils partent également moins loin qu’avant, et demandent davantage de sécurité. La taille des groupes, aussi, a changé, témoigne Marie Cabiro, forfaitiste chez Travel Europe / Visit Europe :
"On est passé de 50 personnes à des groupes maintenant de 30-35 personnes."
Originaire de la Somme, la Française "construit" les programmes des circuits proposés, vers une trentaine de destinations, par le tour-opérateur familial autrichien, basé à Stans, dans le Tyrol. Elle est en particulier en charge des pays d’Europe de l’Est, qui ont moins la cote, depuis l’invasion de l’Ukraine :
"Avant, on avait beaucoup de réservations sur la Pologne, etc. Maintenant, ça a beaucoup diminué. On a aussi souvent des questions sur la Croatie ou l’Albanie. On sent les réticences des clients à réserver hors de l’Union européenne. "
Les touristes ont besoin d'être rassurés
Helmut Gschwentner, cofondateur de Travel Europe / Visit Europe il y a plus de 30 ans avec son frère Anton, constate que les touristes souhaitent être rassurés et passent désormais davantage par un professionnel :
"Les gens cherchent la sécurité aussi au niveau des réservations, et à être protégés pour les paiements, si des vols sont changés. Il y a toujours un tour-opérateur qui s’occupe de tout, et ça, c’est vraiment le Covid qui l’a changé."
Car les gens n’ont pas renoncé à voyager, assure Marie Cabiro :
"Ce sont juste les destinations qui ont changé. Les clients vont beaucoup plus vers des endroits qui les rassurent, comme la Corse, le Portugal, tout ce qui est plus limitrophe de la France, des régions à maximum 2-3 heures d’avion, c’est ce qu’on nous demande."
Moins de vols long-courriers
Car les bouleversements du climat et l'empreinte carbone font désormais partie des données à prendre en compte quand on choisit son lieu de vacances. Travel Europe / Visit Europe est aussi propriétaire à Stans, à quelques kilomètres d’Innsbruck, et des pistes de ski, de l’hôtel Schwarzbrunn, un charmant établissement de 121 chambres, construit dans un chalet de bois alpin traditionnel, typiquement tyrolien, réputé notamment pour son spa. Ici aussi, on a dû s’adapter à la neige de plus en plus rare au fil des années :
"Il y a beaucoup de choses à faire en hiver, autres que le ski, assure Marie Cabiro. C’est avant tout très culturel, il y a de nombreux musées, et le Tyrol est réputé pour son folklore : la musique, les danses… On essaie de proposer un mélange pour qu’on ne soit jamais bloqué en fonction des aléas de la météo et du climat. Il y a beaucoup de sports possibles. Il y a les randonnées, le vélo, même en hiver, ou la luge sur rail. L’ambiance aussi est différente de l’été."
Le tour-opérateur est passé de près de 17 000 clients en 2019, à un peu plus de 9 000 l’an dernier. Il a bon espoir de retrouver dès l’an prochain sa fréquentation d’avant-Covid. Pour l’exercice 2023-2024, Travel Europe / Visit Europe table sur un chiffre d’affaires prévisionnel de 25 millions d’euros, en hausse de 5 millions par rapport à 2019.
Sa grande fierté est d’avoir conservé la plupart de ses effectifs, une centaine de personnes, dans la tempête, y compris dans ses 15 filiales à travers l’Europe. Il prévoit de lancer de nouveaux produits en Scandinavie, en Grèce et en Espagne.
Retrouvez cette chronique sur le site, l'appli et dans le magazine de la mobilité internationale " Français à l'étranger.fr"
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