Français du monde. Interdiction du foie gras aux États-Unis : une Française se rebiffe !
La Cour suprême américaine a donc tranché cette semaine : le foie gras sera bien interdit en Californie. Les défenseurs de la cause animale ont gagné mais Ariane Daguin, celle qui a fait découvrir le foie gras aux Américains, ne s'avoue pas vaincue.
Ariane Daguin est une femme en colère. Certes, les ventes de foie gras ne représentent que 5% de son chiffre d'affaires de 125 millions de dollars l'an dernier, mais pour elle, la décision de la Cour suprême des États-Unis d'interdire le foie gras dans l'état de Californie, après des années de bagarre, pourrait faire tâche d'huile bien au-delà de la Californie, état déjà le plus peuplé d'Amérique :
"C'est un symbole, les extrémistes qui sont en face ne vont pas s'arrêter au foie gras. Ils veulent qu'on devienne tous des vegans et ils démarrent par nous. C'est une erreur. Il faut qu'ils démarrent par les élevages intensifs, pas par ces trois producteurs qui font les choses bien."
Ariane Daguin vit depuis 40 ans aux États-Unis
Fille aînée du célèbre chef étoilé André Daguin, elle a préféré quitter le restaurant familial d'Auch, dans le Gers, pour partir voir du pays. En 1984, elle crée sa société à New York avec un associé texan. Elle l'appelle D'Artagnan, du nom du héros gascon. C'est vite un succès.
La société emploie aujourd'hui 280 salariés à son siège du New Jersey, juste en face de New York. Et quand les militants de la cause animale dénoncent une industrie archaïque et un processus de production cruel, la Française se dresse sur ses ergots :
"Voir le tube dans l’œsophage des animaux, pour les gens qui ne sont pas éduqués, ça veut dire "Ouh là là ça doit faire mal !", oui si vous êtes un être humain mais pas un canard qui a besoin à l'état sauvage de se gaver avant la migration."
Dossier sensible
Ariane Daguin se fournit auprès de l'un des trois éleveurs à avoir saisi la Cour suprême, éleveurs qui ont reçu le soutien de la France, qui avait estimé que la loi californienne était une agression contre la tradition tricolore et ce mets inscrit à son patrimoine gastronomique et culturel.
Aux États-Unis, pays de la malbouffe, Ariane Daguin met en avant la qualité de ses produits : "C'est comme partout dans le monde, il y a ceux qui font les choses pas comme il faut et ceux qui les font bien, sans stress pour les animaux, ce qui donne un foie gras de qualité. Ceux-là font très attention à leurs animaux, ils les soignent bien et les respectent."
Preuve que le dossier est sensible : la Cour suprême avait demandé en juin l'avis du gouvernement. Il avait jugé que l'interdiction pouvait être maintenue car elle portait sur une méthode de production et non un ingrédient.
Du temps de Barack Obama, Ariane Daguin fournissait la Maison Blanche en volailles, bœuf, viande de gibier et champignons
Elle y est d'ailleurs retournée en avril dernier, invitée à l'occasion d'une visite d'Emmanuel Macron à Donald Trump. Ses avocats lui assurent aujourd'hui que la partie n'est pas tout à fait terminée, même après cette décision de la plus haute instance des États-Unis. L'affaire pourrait à nouveau être tranchée par un tribunal californien. En attendant la fin de la procédure, la loi s'applique. Ariane Daguin continue elle de développer sa société : elle ouvrira en mars un 5e entrepôt à Denver, dans le Colorado.
Lui écrire : ariane@dartagnan.com
Aller plus loin
Sa société, D'Artagnan
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