Français du monde. Le grand oral de Jean-Baptiste Lemoyne devant les Français de l'étranger
Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d’État en charge des Français de l’étranger rencontrait ces jours-ci les membres de l'AFE, l'Assemblée des Français de l'étranger. Entretien.
Nommé Secrétaire d’État auprès de Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, sénateur de l’Yonne, est – entre autres - en charge des questions touchant aux Français de l’étranger. Il succède à Matthias Fekl dans ces fonctions.
Il rencontrait ces jours-ci les membres de l'AFE, l'Assemblée des Français de l'étranger, 90 membres élus par et parmi les conseillers consulaires au scrutin proportionnel de liste dans 130 circonscriptions. Ils étaient réunis à Paris pour leur session annuelle. Enseignement, sécurité, assistance, financement des associations. Pendant deux heures, à la tribune, le ministre a écouté, noté, répondu. Pas de grandes annonces, mais pas de langue de bois.
Qu’avez-vous annoncé devant l’Assemblée des Français de l’étranger ?
- Il y a des réformes pour lesquelles nous avons pris des décisions. Cela concerne le dispositif alternatif à la réserve parlementaire. Un certain nombre d’associations à l’étranger aident nos compatriotes, interviennent en matière de bourses scolaires, d’insertion, en matière culturelle ou anciens combattants. Compte tenu de la suppression de la réserve parlementaire, ces associations se trouvaient sans subvention et le Président de la République s’était engagé à ce qu’on trouve un dispositif alternatif. Il s’agit du STAF, les subventions pour les associations travaillant pour les Français de l’étranger.
Deux millions d’euros par an y seront consacrés et nous allons lancer un appel à projets pour que les associations puissent présenter leur dossier. Au terme d’un examen par les conseils consulaires, parce que nous souhaitons impliquer les élus des Français de l’étranger, nous pourrons leur attribuer des subventions pour répondre aux attentes du quotidien des Français établis hors de France. Nous avons repris le montant global qui était consacré pour des associations œuvrant à l’étranger au profit de nos compatriotes.
L’INSEE révèle que les Français à l’étranger sont un peu plus de trois millions, soit près de 5% de la population métropolitaine. Est-ce que cela ne justifierait pas un ministère à part entière plutôt qu’un secrétariat d’Etat ?
- J’ai souvent l’occasion de dire que les Français de l’étranger ont deux ministres pour le prix d’un ! Naturellement, je suis très attentif à leur situation mais Jean-Yves Le Drian également, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, donc tous les deux, nous sommes très mobilisés pour assurer leur sécurité, un accès à la sécurité. Nous avons d’ailleurs un certain nombre de réformes devant nous : l’enseignement français à l’étranger, la représentation des Français de l’étranger. Ce sont des réformes pour lesquelles je veux avoir une logique très participative et nous allons interroger les Français de l’étranger eux-mêmes.
Concernant l’enseignement, des gens se sont élevés pour dire que le coût supporté par les familles était vraiment très élevé. La réforme peut aller dans ce sens-là ?
- Quand on se regarde, on se fait peur. Quand on se compare, on se rassure. Lorsqu’on voit dans un certain nombre d’autres systèmes, par exemple le prix de la scolarité en Grande-Bretagne, il est souvent très supérieur à ce qui est demandé par l’enseignement français à l’étranger. Maintenant, cela représente des sommes qui peuvent être importantes à l’échelle d’un foyer, surtout quand on a plusieurs enfants. C’est pour cela que nous avons maintenu dans le budget 2018 le niveau des bourses qui viennent soulager la facture pour les familles qui en ont le plus besoin.
A propos de sécurité après ce qui s’est passé au Burkina-Faso, la situation mondiale ne justifie-t-elle pas qu’on augmente les effectifs du Centre de crise et de soutien du quai d’Orsay ?
- Ce centre de soutien est très actif, en vigilance permanente 24h sur 24, 7 jours sur 7. Il a été amené à être en première ligne il y a quelques semaines lors de ce qui s’est passé à Ouagadougou. Ce n’est pas uniquement le CDCS qui peut agir, c’est également l’ensemble de la communauté. Nous avons des chefs d’îlots. Tout cela est coordonné par nos consuls, nos ambassadeurs, les forces françaises présentes à l’étranger. Nous avons un dispositif globalement performant mais il faut aussi que les gens prennent leurs responsabilités, qu’un certain nombre de voyageurs aussi, de touristes, ne prennent pas de risques inconsidérés. Je les incite à consulter les fiches de conseils aux voyageurs, parce qu’il y a un certain nombre de zones dans lesquelles il y a de l’instabilité. Il faut être prudent.
Il y a une entreprise française, basée à Singapour, International SOS, présidée par Arnaud Vaissié. Est-ce que ce ne serait pas intéressant, en public-privé, d’utiliser leurs 26 centres de crise dans le monde, parce qu’ils ont des moyens, et soignent et protègent 60 millions de personnes. Est-ce que ce n’est pas un outil qui peut être utilisé ? Vous avez déjà un contrat
- Nous sommes en relation avec International SOS, le groupe d’Arnaud Vaissié, et régulièrement ils interviennent. J’ai le cas en tête d’une évacuation sanitaire au Vietnam il y a quelques jours et nous travaillons main dans la main. En cas de besoin, nous n’hésitons pas à recourir à leurs prestations. L’équipe de France, elle est unie non seulement à l’export, puisque je travaille avec Arnaud Vaissié sur l’exportation, mais elle est unie pour tout, y compris pour la chaîne de sécurité.
Le chef de l’État a reconnu la complexité d’accéder aux services dédiés aux Français de l’étranger, est-ce que la simplification est à l’ordre du jour ?
- La simplification est indispensable. On est engagé dans un chantier de numérisation d’un certain nombre de procédures d’accès à des pièces d’état civil. On a besoin aujourd’hui de faire en sorte que les Français de l’étranger n’aient pas besoin de faire des dizaines ou des centaines de kilomètres pour se rendre au consulat. C’est une priorité. Le chef de l’État a placé la barre haute. On va faire en sorte qu’il y ait des résultats. On a des expérimentations. Il faut toujours expérimenter pour avoir un retour d’expérience et après on généralise. Ca progresse bien.
Il y avait un budget emploi et formation qui est en train de disparaître. Il y a deux associations qui ont énormément d’efficacité : une à Londres qui s’appelle le centre Charles Péguy, le deuxième à Montréal qui s’appelle Citim, qui gèrent près d’un millier de nouvelles offres d’emploi. Ne croyez-vous pas que ces associations pourraient trouver de l’argent soit à Pôle Emploi soit chez vous, parce qu’elles risquent de disparaître faute d’aide. Ce sont des associations qui existent depuis très longtemps
- Ce sujet nous a été signalé notamment par la commission "commerce extérieur – emploi" de l’Assemblée des Français de l’étranger. Je vais prendre connaissance de leurs documents avec attention et on va regarder ce qui peut être fait, sachant qu’elles pourraient également déposer des dossiers dans le cadre de cette procédure STAF qui vient soutenir les associations. Ça se met en place et je les incite à postuler.
Aller plus loin
Retrouvez cet entretien dans le magazine la Voix de France, le magazine en ligne de l'UFE, l'Union des Français de l'étranger
L'Assemblée des Français de l'étranger (AFE)
Le Journal des Français à l'étranger, nouveau trimestriel (papier + web)
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