Français du monde. Volley-ball : un Frenchie chez les Nippons
Objectif 2020. Philippe Blain a trois ans pour préparer l'équipe du Japon aux Jeux olympiques d'Été de Tokyo.
A 56 ans, c'est un nouveau défi pour l'ex-entraîneur de l'équipe de France puis de Pologne. Philippe Blain est le premier Français à coacher ainsi la sélection nationale nippone pour les Jeux olympiques d'Été de Tokyo en 2020. Membre de l'UFE, il est aussi fan de golf.
Un nouveau challenge
Philippe Blain nous reçoit dans les locaux modernes du centre olympique, mis à sa disposition à un jet de pierre du centre bouillonnant de Tokyo. "C'est ici que je vais vivre pendant trois ans."
Entraîneur de l'équipe de France de volley-ball durant 12 ans, puis champion du monde avec la Pologne en 2014, le Français cherchait un nouveau challenge : "le métier d'entraîneur, ce sont souvent des contrats à court terme, on va dans un club ou une équipe nationale pour un ou deux ans. Là, j'ai trois ans devant moi pour développer des joueurs individuels mais aussi l'équipe."
Philippe Blain est arrivé à Tokyo au mois de mai, et déjà les premiers résultats tombent : le Japon est qualifié pour les championnats du monde et la finale de la Ligue mondiale ! Pour le Français, c'est la formation des joueurs qu’il faut faire évoluer : "Ils ne commencent véritablement à jouer en club qu'à partir de 23 ans. Le système universitaire est lourd et ne laisse pas assez de temps pour l'entraînement."
Rock stars
Au Japon, les propriétaires des clubs locaux sont des grands groupes, comme le géant de l'électronique Panasonic. Entre le football, le sumo, le judo et le baseball, le volley est aujourd'hui dans le top 5 des sports les plus pratiqués et suivis. Le championnat autorise un seul étranger par équipe, souvent un attaquant. Les joueurs sont de vraies rock stars. Les jours de matchs, les tribunes sont remplies à 80% par des jeunes filles en transe.
Philippe Blain ne prétend pas tout révolutionner en un jour, mais petit à petit, espère rapprocher l'équipe du haut niveau : "On travaille beaucoup sur la vitesse et les qualités propres des joueurs. Jusqu'à présent, ils essayaient d'imiter ce que font les grandes nations du volley-ball, mais ils n'en ont pas les qualités physiques. J'essaie de les rapprocher du haut niveau. Les premières victoires, ça donne une légitimité au projet."
Pourboire malvenu au restaurant
Plusieurs mois après son arrivée, le Français est toujours aussi surpris par la société nippone, aux antipodes de la nôtre. Les files d'attente impeccables devant le métro, sans resquilleur, le respect de l'ordre établi, jusqu'aux tables des restaurants : "La dernière fois, raconte-t-il, j'ai voulu laisser un pourboire, mais on m'a rendu l'argent en me disant que c'était offenser le serveur, parce qu'il n'a pas besoin qu'on le paie plus pour faire le maximum dont il est capable." Par amitié pour Thibaud Sarrazin-Boespflug (vice-président de l'UFE Monde, NDLR), Philippe Blain a adhéré à l'association alors qu'il était encore en Pologne.
"On a pas mal de choses en commun entre expatriés, explique-t-il. C'est toujours bien d'avoir un réseau qui nous relie, de se rencontrer de temps en temps et d'échanger entre personnes qui ont vécu des expériences un peu identiques." Philippe Blain est aussi un ancien international de golf. A Tokyo, pas de 18 trous à moins de parcourir des kilomètres. Alors, le Français s'entraîne sur des practices automatisés, installés dans des immeubles de plusieurs étages. De quoi entretenir son swing !
Lui écrire : blain.philippe@hotmail.fr
Aller plus loin
Retrouvez ce portrait dans la Voix de France, le magazine de l'UFE (Union des Français de l'étranger)
Entretien avec Jean-Pierre Pont, spécialiste de l'expatriation: "Au Japon, avec les JO, le secteur de la construction recrute énormément, il y a des besoins immédiats."
-> Les JO 2020 au Japon, dans trois ans donc, ce seront ceux juste avant les JO de Paris. Et on recrute, il y a des opportunités grâce à cette perspective ?
→ Il y a une filière à laquelle personne ne pensera, c'est de passer par les entreprises anglaises qui ont travaillé sur les JO à Londres, parce qu'il y a des accords actuellement déjà entre les Japonais et les Anglais pour apporter leur savoir-faire, donc en passant par Londres, on peut trouver du travail. Ensuite, il faut aller sur le site de le Japanese Olympic Committee (Comité olympique japonais, NDLR) qui commence à faire des recherches à l'international, en sachant que le secteur de la construction recrutant énormément, il y a des besoins immédiats dans les métiers de la construction.
→ Et les autres villes hôtes, on pense à Rio par exemple, ont créé beaucoup d'emplois ?
→ Rio a créé 90 000 emplois et il y avait 20 000 personnes qui travaillaient dans le secteur des médias. Donc évidemment, il faut beaucoup de traducteurs, dans le marketing, le design, enfin toutes les professions qui sont liées aux Jeux olympiques.
→ La barrière, c'est la langue. Alors comment on fait ?
→ Il y a un passage obligé très utile, c'est la Chambre de commerce franco-japonaise, ils ont un service emploi et ils peuvent vraiment vous aider à trouver les bonnes fillières.
Lui écrire : jeanpierrepont@gmail.com
Aller plus loin
Le Comité olympique japonais (Japanese Olympic Committee)
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