Jeux de société en Californie
A
cheval entre San Francisco et Paris, elle emploie aujourd'hui quatorze personnes et
dégage chaque année plusieurs millions de dollars de chiffre d'affaires.
"Les ventes ont en fait décollé en 2004", se souvient Eric Hautemont, grâce à
une prestigieuse récompense, le "Prix du Jeu de l'Année"
reçue en Allemagne pour les "Aventuriers du rail". Il s'agit d'un jeu sur un plateau et avec des cartes, il faut construire des lignes de train
sur une carte d'Europe ou des États-Unis. "Depuis ce prix, on en a vendu plus
d'un million de boîtes, et cela continue d'augmenter sans cesse. Il a été traduit
en dix-sept langues. "
Mais ce qui fait aussi le succès d'un jeu, c'est le
bouche-à-oreille
" La façon dont les gens achètent les jeux de société
n'a pas changé depuis cent ans" , explique Eric Hautemont. "Le gros de nos ventes, c'est
quelqu'un qui va avoir joué chez un ami, lors d'une soirée entre
copains." D'autant que le jeu de société s'est mis à la page, avec des
règles plus simples et plus faciles à retenir, et des parties plus courtes,
rarement plus d'une demi-heure. " Days of Wonder " fait fabriquer
ses produits en Chine et en Allemagne, où la tradition est très forte.
" Historiquement, c'est notre premier marché" , détaille Eric Hautemont,
"mais paradoxalement depuis la crise, nos ventes en France ont pris le dessus .
Peut-être parce que c'est moins cher d'acheter un jeu de société que d'aller au
cinéma à 4 ou 5 personnes, et surtout ça dure plus longtemps !"
Chez
"Days of Wonder", à chacun son rôle
Le bureau de San Francisco
est chargé de l'éditorial (règles, choix des univers...), du marketing et des
ventes. La filiale à Paris elle assure toute la partie technique et le
développement graphique. Le Français n'a pas coupé tous les ponts avec la high
tech, d'où il vient : une version des "Aventuriers du rail" est
disponible en ligne, et pour la première fois cette année, un championnat
oppose les meilleurs joueurs du monde. Le vainqueur repartira en juin avec un
voyage à bord de l'Orient-Express. Après un diplôme d'ingénieur informatique à
l'ENSEEIHT de Toulouse, Éric Hautemont a découvert la Californie grâce à un VSNE
(service civil) chez Matra en 1988. Conquis, il ne rentrera plus. Avec quatre
copains, le Français monte d'abord une société qui s'impose sur le marché de
l'image de synthèse grand public. 7 ans plus tard, "Ray Dream"
était revendue 52 millions de dollars. Il passera ensuite quelques années dans
le capital-risque, avant de retourner à l'entrepreneuriat. "Le déclic ,
raconte le Français, né à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, dans les Yvelines, ça a été
lorsque la maîtresse de ma fille lui a demandé "Quel est le métier de ton
papa ?" et qu'elle a répondu, "C'est le Boss !" Je ne me suis
dit "Quel terrible exemple pour une enfant ! ".
Aller plus loin
Sa société, Days of wonder
Retrouvez ce portrait dans le livre "S'expatrier, vous en rêvez, ils l'ont fait !", 100 portraits d'expatriés français aux éditions Studyrama
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