Cet article date de plus de dix ans.

Sarkozy/Berlusconi, Valls/Renzi : l'Italie, nouveau modèle de la vie politique française ?

Cette semaine, les médias ont noté que la défense de Nicolas Sarkozy, après sa mise en examen, rappelait celle de Silvio Berlusconi. En parallèle, la "Renzimania" gagne l'Europe et la France. Et si le modèle politique français n'était ni américain ni britannique mais... italien ?
Article rédigé par Frédéric Martel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Nicolas Sarkozy sur TF1 mercredi soir © Reuters-Robert Pratta)

Franz-Olivier Giesbert dans Le Point , Alexandre Lemarié et le chercheur Thomas Guénolé dans Le Monde , et à l’unisson les médias ont noté, cette semaine, que la défense de Nicolas Sarkozy, après sa mise en examen mercredi au petit matin, rappelait celle de Silvio Berlusconi.

Le chercheur Pierre Musso a même inventé un néologisme pour résumer cette proximité : le "sarko-berlusconisme ". En dénonçant au 20 heures de TF1 un complot politique, des juges politisés, Nicolas Sarkozy a choisi une stratégie de riposte claire : déplacer le débat du terrain judiciaire au terrain politique. La meilleure défense : c’est l’attaque !

En privilégiant la "victimisation", l’ancien président de la République dit aux Français : la question n’est plus de savoir si je suis coupable mais s’il y a, ou pas, complot contre moi. Au lieu de livrer une bataille avec la justice ; il livre une bataille avec l’opinion. C’est précisément, notent les commentateurs, la technique de défense de Silvio Berlusconi. Philippe Ridet, spécialiste du "Berlusconisme" notait déjà l’an dernier que Nicolas Sarkozy reprenait trait pour trait les techniques de défense du Cavaliere . Pendant 20 ans, il est parvenu à souder son camp derrière lui. Et trop longtemps, il a empêché la droite italienne de faire le moindre "droit d’inventaire" du berlusconisme.

Ce dimanche, le Premier Ministre Manuel Valls va faire un discours très attendu à Vauvert, en Camargue, à l’occasion des 100 jours de son gouvernement. Il va parler de la gauche, du mouvement, de la gauche qui peut vivre – ou mourir.  

 Manuel Valls lui-même regarde de près ce que fait le jeune président du Conseil italien, Matteo Renzi, et s’en inspire. Ils ont presque le même âge ; sont tous les deux des génies de la communication ; ils veulent tous les deux remettre leur pays à la mode ; ils portent les mêmes chemises blanches et veulent également mettre à la casse la vielle classe dirigeante socialiste – ce que l'on appelle la rottamazione en italien.  

 Matteo Renzi a promis "100 réformes en 100 jours ". Ses 100 premiers jours, ont été, note Philippe Ridet, un "véritable festival ". Manuel Valls est plus prudent à l’heure de son premier bilan. Il veut réformer en profondeur  ; et non pas à la surface, par à-coups.  

 En off , Manuel Valls note d’ailleurs que l’ancien maire de Florence n’a pas encore de bilan et que sa mission, à lui, en France, est de travailler les dossiers de fond, de réformer sur la durée et de faire "bouger les lignes ". Qu’il y ait un peu de jalousie entre eux, c’est normal. En France, la "Renzimania " bat son plein ; alors qu’en Italie, et plus encore en Espagne, c’est plutôt Manuel Valls qui est le modèle.  Comme quoi l’herbe est toujours plus verte ailleurs...

L'italianisation de la politique française ?

Lorsque l'on cherche des modèles ailleurs, est-ce un signe que notre pays va mal ? On peut le dire ainsi ; et on peut même continuer à filer la métaphore italienne. L’historien Marc Lazar a noté la comparaison entre François Hollande et Romano Prodi, ce qui n’est pas un compliment. D’autres chercheurs notent que la France copie l’Italie avec 5 ans de retard. En matière de football, on la copie plutôt avec une semaine de retard !  

 Au-delà de la plaisanterie, cette "italianisation" de la vie politique française ne cesse de surprendre. Longtemps, la France s’est comparé aux Etats-Unis, ou au pire à l’Angleterre ; la gauche se voulait à l’image d’Obama et la droite à l'image de David Cameron.   

 Abandonner des modèles pour privilégier des contre-modèles n’est peut-être pas un progrès. Sarkozy peut bien copier Berlusconi, mais si tel est le cas, compte tenu des sept affaires qui le poursuivent, il ne doit pas oublier que la justice finit toujours par gagner, ce dont Berlusconi a finalement fait les frais.  

 Quant à Manuel Valls, qui sera aujourd’hui en Camargue au milieu des taureaux pour parler de la gauche, au moins a-t-il les pieds sur terre : il sait que la gauche peut mourir… il sait aussi que l’UMP est déjà morte. 

.

Pour aller plus loin  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.