Deux mois après Charlie, où en est la France avec la liberté d'expression ?
S'il vient d'être relaxé pour des propos tenus à l'encontre de Manuel Valls, Dieudonné a en revanche été condamné mercredi 22 mars dans l’affaire du message "Je me sens Charlie Coulibaly ". L'humoriste avait posté ce texte le 11 janvier 2015 sur sa page Facebook, le soir de la marche en hommage aux victimes de Charlie Hebdo , aux policiers et aux juifs tués pendant la série d’attentats. Dieudonné avait alors été placé en garde à vue. Pour ce post, il a été condamné à deux mois de prison avec sursis pour "apologie d'acte de terrorisme", mercredi dernier. Le tribunal avait requis une amende de 30.000 euros. L’humoriste vient également d'être condamné à 22.500 euros d'amende pour les propos qu’il a notamment tenus à l’encontre du journaliste de France Inter, Patrick Cohen. Mercredi 4 mars, le tribunal de grande instance de Paris avait, lui, décidé d’interdire la commercialisation du DVD de son spectacle, "Le Mur", notamment pour provocation à la haine et à la violence, d'apologie et contestation de crimes contre l’humanité.
De nombreuses procédures pour "apologie du terrorisme"
Des condamnations qui coïncident avec le blocage de cinq sites par le gouvernement parce qu’ils hébergeaient du contenu lié au djihadisme (texte, discours…). Désormais, un message signale que l’internaute a été redirigé car le site diffuse du contenu appelant des actes de terrorisme ou en faisant l’apologie. C’est la première fois que des sites sont bloqués pour ce motif, depuis la publication du décret début février. Ce dispositif avait été inscrit dans la loi anti-terroriste de novembre dernier. Bernard Cazeneuve avait alors ainsi défendu le projet : "Aujourd'hui, vous avez 90 % de ceux qui basculent dans des activités terroristes au sein de l'Union européenne qui le font après avoir fréquenté Internet, des sites, des blogs, des vidéos ". Certaines critiques émergent pourtant, soulignant que ce nouveau dispositif va à l’encontre des libertés, le blocage étant actif sans jugement préalable.
En janvier, suite aux attentats, plusieurs personnes avaient été condamnées pour "apologie du terrorisme", parfois à des peines de prison ferme. Mi-janvier, plus d'une cinquantaine de procédures judiciaires étaient en cours, selon le ministère de la Justice. Alors que plus de deux mois se sont écoulés depuis le choc des attentats de Charlie Hebdo , comment la France maintient le curseur entre liberté d’expression et lutte contre l’apologie du terrorisme ?
En France, depuis les attentats, a-t-on le droit de tout dire, de quelle façon et avec quelles limites ? À l'occasion de la Semaine de la presse dans l'école , Altine, Nicolas et Camille, en sixième au collège Paul-Éluard de Châtillon, se posent plusieurs questions. L'ancien magistrat Philippe Bilger leur répond au micro de France Info.
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