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1914-1918, franceinfo y était. 1er juillet 1916 : Le sang anglais coule sur la Somme

Cent ans après la Première guerre mondiale, franceinfo raconte les événements clés de 1914-1918 comme s'ils venaient de se passer. Aujourd'hui, "Le sang anglais coule sur la Somme".

Article rédigé par Grégoire Lecalot, Alice Serrano
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
 Des soldats britanniques mobilisés pour aider l'armée française. (©)

Nous sommes le 1er juillet 1916. On l’attendait depuis de longs mois, l’armée britannique est venue à la rescousse sur le front. Les Tommies ont déclenché une vaste offensive sur la Somme, entre Bapaume et Albert. Offensive qui, on l’espère, soulagera l’armée française qui se bat toujours du côté de Verdun. Cette nouvelle armée, mise sur pied par lord Kitchener en Grande-Bretagne, s’est élancée avec confiance. Alice Serrano, vous avez suivi cette attaque parmi les soldats anglais et, contrairement à ce que leurs officiers leur affirmaient le matin même, ceux-ci se sont fait laminer…

C’est effectivement à un terrible carnage que nous avons assisté aujourd’hui… Il a commencé dès ce matin après l’arrêt des tirs d’artillerie, quand les soldats britanniques ont franchi les parapets pour se lancer à l’assaut du front allemand, baïonnette à la main. Il est alors 7h30 et, en quelques minutes, ils tombent les uns après les autres sous le feu germanique. Dans les cinq premières minutes, c’est un véritable bain de sang. Des centaines, voire des milliers de soldats meurent sous nos yeux. On a le sentiment que l’horreur se répète, mais cette fois du côté britannique. C’est comme un nouveau Verdun, un Verdun anglais… Il faut dire que les soldats ont lancé l’attaque en marchant sur le front allemand. Ils se sont fait littéralement fauchés par les tirs des mitrailleuses ennemies.

En marchant, dites-vous… C’est tout de même très surprenant. Ils marchent en passant à l’offensive ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les soldats britanniques marchent, pliant sous le poids de sacs pesant une trentaine de kilos. Certains s’empêtrent même dans des barbelés restés intacts. Ils marchent au son des cornemuses, d’autres jouent au football avec des casques allemands. Les ennemis semblent étonnés de voir cette armée de novices avancer au pas et non courir. Les Britanniques suivent en fait une consigne de leur étatmajor, persuadé que les troupes ennemies ont été anéanties par la semaine de bombardements intensifs qui a précédé l’attaque. Il craint aussi que leurs hommes, en courant, se dispersent… Au vu du carnage de ce matin, leur ordre est finalement annulé à midi. Mais c’est trop tard ! Quand les soldats britanniques atteignent les tranchées allemandes, ils ne font pas le poids, et ne résistent pas à la contreoffensive germanique.

Pourtant, Alice, une telle offensive a dû bénéficier d’une préparation énorme…

Français et Britanniques ont semble-t-il retenu les leçons de Verdun. Ils ont donc préparé cette attaque en programmant des tirs d’artillerie jour et nuit. Durant une semaine, ils ont bombardé les positions allemandes pour empêcher toute contre-attaque.

Une opération de camouflage a été également mise sur pied. Un villageois. Il m’a parlé du déploiement de bâches pour dissimuler les pistes d’atterrissage des avions, de l’installation de fausses maisons en ruine pour masquer les batteries, de fausses bornes kilométriques, des bruits de camion ou encore des faux cadavres de chevaux pour servir d’observatoires.

Il faut croire que tout cela n’a pas suffi, et l’optimisme qui prévalait encore hier, ou même ce matin, laisse place ce soir à une profonde désolation. Les Britanniques ont perdu des milliers d’hommes et pourtant la bataille doit continuer encore demain et après-demain.

Merci, Alice Serrano, en direct du front. À noter tout de même que les villages de Montauban et de Fricourt sont tombés aux mains des Britanniques. Dans le secteur de Bray-sur-Somme, les Français, qui participent à cette offensive, ont pu, eux, s’emparer de Dompierre, Bécquincourt et Fay.

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