Guerre entre Israël et le Hamas : fin de trêve

Sept jours de trêve ont passé et les bombardements israéliens ont repris sur la bande de Gaza. Chaque partie accuse l'autre d'avoir violé le cessez-le-feu. L’idée de Paix n’a jamais semblé aussi lointaine. Israéliens et Palestiniens sont presque totalement hermétiques les uns envers les autres.
Article rédigé par Frédéric Métézeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Bombardement israélien sur la ville palestinienne de Rafah, à la frontière de la bande de Gaza et de l'Egypte, le vendredi 1er décembre 2023. (SAID KHATIB / AFP)

Les bombardements israéliens ont repris sur la bande de Gaza le vendredi 1 er décembre à 7 heures heure locale (6 heures à Paris). Depuis Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, Rami Abou Jammus raconte le retour à la violence.

Rami Abu Jammus à Rafah dans la bande de Gaza

Alors que Gaza comptabilise de nouveau des dizaines de morts en quelques heures, le chef de la diplomatie américaine est toujours en Israël. Pour l'Iran c'est bien la preuve que Washington cautionne les actions militaires israéliennes. "Après avoir tué plus de 15 000 Palestiniens, les vampires sionistes ont lancé un nouveau cycle meurtrier avec le soutien continu du gouvernement américain" déclare même le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères.

Le mercredi 29 novembre, des terroristes palestiniens ont annoncé la mort de trois otages israéliens à Gaza. Ils seraient décédés lors d'un bombardement israélien plusieurs jours avant. Il s'agit de cette mère que l'on avait vue le 7 octobre, apeurée et protégeant ses deux enfants aux cheveux roux, dans une couverture. Est-ce vrai ? Alors c'est un drame pour Israël et l'envie de vengeance sera décuplée. Est-ce faux ? Alors les islamistes continuent à jouer avec les nerfs de leur ennemi. Ce même jour, des images de caméras de vidéosurveillance inondent les réseaux sociaux et les médias du monde arabe. On y voit la mort de deux jeunes palestiniens à Jénine. Un enfant de 8 ans et un adolescent de 15 ans fauchés en pleine course par des tirs de précision de l'armée israélienne. Cette dernière affirme à l'AFP que "des suspects avaient jeté des bombes artisanales en direction de soldats israéliens". Sur les images, le plus âgé semble effectivement allumer un objet de petite taille, certainement pas un cocktail molotov ou une grenade mais plutôt un pétard...

Choisir son camp

Dans ce contexte, comment se projeter vers la paix ? Avant le 7 octobre, cela semblait déjà difficile. Aujourd'hui, cela semble impossible. Dans les médias israéliens, les militants pacifistes n'ont aucune visibilité. À une heure de route de Tel Aviv, nos envoyés spéciaux ont rencontré une activiste du camp de la paix, Yaelle Treidel. Le 7 octobre, deux de ses amies militantes ont été assassinées par le Hamas mais elle conserve aussi des liens avec un ami à Gaza : "J'aimerais vous dire que nous sommes nombreux mais ça n'est pas le cas parce qu'en compatissant avec les gens qui meurent à Gaza, les Israéliens pensent que je suis du côté du Hamas, ce qui n'est pas le cas. Mon ami gazaoui a perdu plein de membres de sa famille et des amis, c'est difficile. Ils se battent pour la nourriture, pour l'eau". Dans ce drame, les élus, les ONG, les médias sont sommés de "choisir un camp" ce qui reviendrait à regarder l'Orient compliqué avec des idées simples.

Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de Terre Sainte Magazine à Jérusalem vit à Jérusalem depuis 25 ans. Elle y est venue pour la première fois en 1990. Elle connaît intimement cette région et parle à toutes les communautés. Dans ses articles, sans occulter la difficulté de la situation, elle continue à raconter ce qui va bien – ou moins mal – en Israël et en Palestine. Cependant, elle constate un niveau de haine inédit aujourd'hui : "Il y a un aveuglement de ce que vit l'autre et de déshumanisation de ce que vit l'autre. Je n'explique pas ce glissement vers une haine totale car je ne le vis pas de l'intérieur. Je dois avoir l'humilité de savoir que je ne suis ni israélienne juive, ni palestinienne. Quelque chose de leur douleur m'échappe. Si quelqu'un a tout compris ce qui se passe ici en ce moment, depuis 75 ou 100 ans ou depuis toujours, chapeau ! On nous demande le plus souvent de prendre parti mais je ne peux pas, j'aime les deux ! Ce qu'on vit est épouvantable. Comme journal chrétien, je laisse aux grands médias les mauvaises nouvelles mais nous avons une bonne nouvelle à annoncer : il y a moyen de sortir de la désespérance et de la déshumanisation. On peut continuer à regarder l'Autre en se disant que dans son Altérité, il va m'apporter quelque chose."

Dans cet épisode : Valentin Dunate et Benjamin Thuau, Rami Abou Jammus, Marie-Armelle Beaulieu
Mise en ondes : Anne Depelchin
Technique : Clément Vuillet
Production : Frédéric Métézeau

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