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Histoire de folles rumeurs. Abbeville noyée pour sauver Paris

Une rumeur teintée d'un anti-parisianisme certain. 

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La commune d'Abeville inondée par la Somme en avril 2001. (DENIS CHARLET / AFP)

La situation est dramatique dans la Somme et à Abbeville en particulier en ce mois d'avril 2001. Et presque immédiatement, une rumeur s’empare de la région. Si l’eau a envahi les rues, les caves, les garages, les salons et les champs, ce n’est pas uniquement la conséquence des très fortes pluies des derniers jours. Le responsable n’est pas à rechercher du côté des cieux. Il est bien là, sur terre, et pas très loin d’Abbeville…

La Somme a été sacrifiée pour sauver d’autres départements, mais plus encore Paris. L’anti-parisianisme reste une valeur forte. D’autant qu’il y a un mobile : Paris est à ce moment-là en pleine bagarre pour l’obtention des Jeux Olympiques de 2008 et il faut rassurer ces messieurs du Comité Internationale Olympique qui inspectent les futurs potentiels sites olympiques. Les habitants à qui l’on tend les micros dans les journaux télévisés  sont tous persuadés qu’un mystère entoure les inondations. Et le sous-traitement médiatique dont ils s’estiment l’objet nourrit la défiance. Le maire d’Abbeville lui-même se fait le porte-parole de cette rumeur, exigeant des preuves scientifiques afin de laver ses soupçons.

La Somme sacrifiée, une thèse "absurde"

La polémique enfle à tel point qu’une commission d’enquête du Sénat est mise sur pied pour faire la lumière sur les causes et les responsabilités des inondations de la Somme. Le 23 octobre 2001, le rapport est remis et il est très clair. La thèse du sacrifice de la Somme pour sauver Paris y est qualifiée “d’absurde” compte tenu du très faible volume qu’il est possible d’échanger par les canaux, et du fait, que de toute façon, l’Oise, qui sert d’interface entre les deux bassins versants, se jette dans la Seine en aval de Paris. 

Si cette rumeur s’est éteinte, elle ressurgit régulièrement, à chaque crue de fleuves liés directement ou indirectement à Paris. Mais Paris n’est pas la seule métropole pointée du doigt. En 1983, c’est Lyon qu’on a accusé d’avoir organisé la crue de la Saône grâce à des barrages en amont, pour se protéger…

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