Comment le droit du travail s'est-il adapté aux épisodes de canicule ?
Il n'y avait aucune loi sur les conditions de travail par fortes chaleurs avant 1976 en France.
Le code du travail est aujourd'hui encore flou sur les conditions de travail en période de canicule, mais il comporte tout de même une série de recommandations pour permettre aux travailleurs de ne pas trop souffrir de la chaleur. Cela remonte à la grande canicule de 1976.
Avant, il n’y avait rien pour les travailleurs. Quelques patrons sympas donnaient des bouteilles d’eau ou accordaient quelques pauses supplémentaires, mais rien dans la loi. C'est ce que montre par exemple cet échange en 1961 entre un journaliste et un chauffeur de bus, en proie à une chaleur très intense :
"- Monsieur, vous êtes chauffeur d'autobus, vous êtes pratiquement assis sur un moteur... Ça doit être pénible par la canicule ?
- Oui, très chaud même. On a été autorisés à retrousser nos manches et conduire sans casquette en temps de chaud. Qu'est-ce que vous voulez, c'est le métier !"
"C’est le métier"... Une forme de fatalisme de la part des travailleurs. Mais tout va changer quelques années plus tard, avec la fameuse canicule de 1976. Une terrible vague de chaleur et de sécheresse qui touche la France dès le mois de mai avec plus de 30°C et des températures caniculaires au début du mois de juillet.
Des appels à la grève pendant la canicule de 1976
Outre la sécheresse qui inquiète énormément dans les campagnes, l’autre grand sujet, ce sont les conditions de travail. Des appels à la grève se multiplient dans certains secteurs particulièrement sensibles à la chaleur, dans les usines, dans les mines ou dans le bâtiment. Au point que le premier ministre, Jacques Chirac a dû prendre la parole et des mesures, le 7 juillet 1976 :
"Chacun sait que la chaleur rend pénible le travail, pour vous, pour moi et pour tout le monde. Mais il y a des travailleurs qui ont des conditions pour lesquelles la chaleur est particulièrement éprouvante. Je pense par exemple aux gens qui conduisent des autobus, à certains agents des postes et télécommunications, d'autres encore dans les usines et notamment dans les usines qui génèrent elles-mêmes de la chaleur."
Il y a là un problème et nous avons pris toute une série de dispositions dans la fonction publique que nous mettons en œuvre dès maintenant.
Jacques Chirac, en 1976
Des mesures d’urgence prises dans la fonction publique, et des recommandations pour le secteur privé, le tout largement pour éteindre la contestation sociale qui ne faisait que croître dangereusement. Depuis, le code du travail a précisé les contours pour les employeurs, mais cela reste flou.
D'autres vagues de chaleur, de plus en plus fréquentes dans les années à venir, pourraient inviter le législateur à se faire plus précis. En visite à Tokyo jeudi 27 juin 2019, Emmanuel Macron a demandé au gouvernement de travailler sur l'adaptation de la société aux pics de chaleur.
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