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Histoire d'Info. 1992 : et la santé de ceux qui nous gouvernent est devenue un enjeu majeur...

Il y a un peu plus de vingt ans, la question de la transparence sur la santé de ceux qui nous gouvernent s’est posée. Le président était François Mitterrand…

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
François Mitterrand le 10 novembre 1994. (PATRICK ROBERT - CORBIS / SYGMA)

Il y a un peu plus de vingt ans, la question de la transparence sur la santé de ceux qui nous gouvernent s’est posée. Le président était François Mitterrand.

Bien sûr, il y a le précédent Pompidou, dont on a longtemps masqué la vérité de la maladie, un cancer qui l’emportera, derrière une grippe apparemment très tenace. C’est d’ailleurs, deux mois avant sa mort, en février 1974 que pour la première fois de la Ve république, l’Elysée publiera un communiqué sur la santé du président. Le communiqué le plus complet ne sera publié que deux semaines avant le décès du chef de l'Etat. 

Secret médical et secret d'Etat

Après la mort de Georges Pompidou, la demande de transparence est réelle mais elle ne débouche sur rien. Le 11 septembre 1992, le professeur Bernard Debré évoque l'opération de la prostate du président Mitterrand : "Le président de la République a été opéré hier dans mon service, par le professeur Steg, que j'ai aidé. Le président de la république va parfaitement bien. C'était tout à fait bénin." 

"Il y a le communiqué de l'Elysée, poursuit le professeur Debré. Moi je vous dis simplement les faits, je ne peux pas vous dire autre chose. Il y a un certain nombre de secrets médicaux qu'on ne peut révéler."

Le professeur ne se cache pas derrière le secret médical puisqu’il évoque le caractère bénin…Au grand dam des docteurs Steg et Gubler qui auraient préféré plus de réserves. 

Devant les rumeurs de plus en plus insistantes, quelques jours plus tard seulement, l’Elysée publie un communiqué révélant le cancer de la prostate du président. Mais contourne une fois encore la vérité en affirmant que "la maladie a été prise à son stade initial". Selon le docteur Gubler, le médecin de Mitterrand qui sera radié, notamment, pour avoir révélé ce secret médical, le président est atteint dès 1981. Il se serait donc représenté en 1988, malade. Mais selon Gubler et tous ceux qui ont travaillé avec le président, François Mitterrand était alors en pleine capacité de gouverner.

Moi, je veux savoir où j'en suis. Et je ne prévois pas une fin si rapide.

François Mitterrand

16 décembre 1994

A partir de septembre 1992, donc, le cancer de François Mitterrand est rendu public. Rapidement, l’échec des traitements et l’affaiblissement visible du président, notamment à partir de novembre 1994, ouvrent la porte à toutes les interrogations. Libération cite Jean Guitton, selon lequel le président, son ami, lui aurait confié ne plus avoir que six mois à vivre. Le président doit lui-même rassurer tout le monde sur sa capacité à terminer son mandat, le 16 décembre 1994. "A partir d'un certain âge, assure François Miterrand, et quand on est frappé par certaines maladies, on ne peut pas faire de prévisions à très longue distance. Il y a quand même un certain contrat moral entre mes médecins et moi. Moi, je veux savoir où j'en suis. Et je ne prévois pas une fin si rapide." 

Il y a évidemment quelque chose de choquant à entendre un vieil homme se défendre de sa mort imminente. En même temps, et c’est là que tout devient compliqué, il n’est pas par nature choquant de savoir, en démocratie, si ceux qui nous gouvernent sont capables de le faire.

En 2004, la Cour européenne des droits de l'homme a considéré que la capacité d'un président de la République ne relève pas du secret médical mais concerne la vie de tout un peuple.

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