Histoires d'info. Elections législatives en Israël : le parti travailliste, victime de la droitisation du pays
Les électeurs israéliens sont appelés aux urnes mardi 9 avril pour les élections législatives, où le parti travailliste, grand absent de cette élection, ne pourrait obtenir que 10 sièges sur les 120 que comprend le Parlement israélien.
Alors que plus de six millions d'Israéliens sont appelés à voter mardi 9 avril lors d'un scrutin à l'issue encore incertaine pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui brigue un cinquième mandat, retour sur l'histoire du parti travailliste israélien, qui ne pourrait obtenir que 10 sièges au Parlement israélien. Comment en est-on arrivé là ?
En mai 1977, le likoud, né quatre ans plus tôt, prend le pouvoir en Israël. Une alternance politique surprenante dans un pays qui avait choisi la gauche depuis sa naissance en 1948.
Les travaillistes au pouvoir des origines à 1977
Pendant trente ans, Israël est tenu par la gauche. Pas toujours le parti travailliste qui ne naît qu’en 1968 de la fusion de différents partis de gauche, mais les socialistes tiennent le pouvoir en effet depuis la naissance d’Israël. Mapaï, l’ancêtre du parti travailliste, c’est le parti de Ben Gourion, et en 1968 quand naît le parti travailliste, il porte à la tête du pays Golda Meir.
On mesure le choc de 1977 avec l’arrivée de la droite au pouvoir, c’est une surprise énorme qui s'explique par une série de facteurs. Evidemment, il y une usure du pouvoir. Mais aussi la bascule des sionistes religieux qui rejoignent la droite et plus largement une première droitisation de la société israélienne qui, après les annexions de 1967 défendent l’idée d’un Grand Israël promue par le likoud…
Le camp de la paix au début des années 1990
Cette droitisation n’est que temporaire. Les travaillistes qui avaient été au pouvoir un temps dans les années 1980 dans un gouvernement d’Union nationale reprennent le pouvoir seuls, en 1992 et avec un mandat très clair : aboutir à la paix avec les Palestiniens.
Ce seront les accords d’Oslo de 1993 et de 1995, qui se fracasseront sur le retour de la droite au pouvoir en 1996, avec, déjà Netanyahu, la vague d’attentats puis la deuxième intifada, un contexte d’extrême violence qui avait avant couté la vie à I. Rabin, assassiné en novembre 1995.
Victime de la droitisation du pays
Et depuis, le parti travailliste a été très peu au pouvoir, symptôme d’une droitisation de la société israélienne. La gauche n'a pas disparu, mais le parti travailliste est la cible de toutes les attaques.
L’électeur traditionnel du parti travailliste lorsqu’il était à son apogée, il était juif ashkénaze, plutôt laïc et rural. Cet électeur ne vote pas particulièrement à droite aujourd'hui, il est en train de doucement disparaître. Depuis quelques années, les séfarades sont majoritaires dans le pays, la laïcité est de plus en plus mise à mal par l’intrusion du religieux dans le politique et comme ailleurs, l’urbanisation a triomphé, 93% de la population israélienne vit en ville.
Qui plus est l’image de la gauche israélienne est desastreuse. Une enquête de 2012 montre que, pour le grand public, "gauche" est synonyme de "légèreté", d’"irresponsabilité", d’"élitisme" et d’"irréalisme" pour les problèmes liés à la sécurité d’Israël.
Dans ces conditions, le candidat du centre-gauche, qui a toutes ses chances, le Général Benny Gantz, cherche à tout prix à ne pas être associé à l’image du parti travailliste qui présente ses propres candidats. Gantz ne se dit ni de droite, ni de gauche, et évite soigneusement le sujet d’une solution à deux vrais Etats, enterrant un peu plus ce que fut la gauche israélienne.
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