Histoires d'info. Emmanuel Macron face au défi d'une nouvelle relation à créer entre la France et l'Afrique
Le président de la République passe trois jours sur le continent africain : au Burkina Faso, au Ghana et en Côte d'Ivoire. Il va dans ces pays pour entamer "une nouvelle relation" avec l'Afrique. Cette relation est très ancienne.
Emmanuel Macron passe trois jours sur la continent africain : au Burkina Faso, au Ghana et en Côte d'Ivoire, à partir du mardi 28 novembre. Le président de la République appelle à "une nouvelle relation" entre la France et l’Afrique. "Le nouveau monde" appliqué aux relations internationales. Quel crédit faut-il apporter à cette promesse ? L’histoire nous donne quelques clés. On a souvent entendu la promesse assurant que c’en était fini de "l’Afrique à papa", marquée par une tutelle paternaliste, colonialiste puis néo-colonialiste.
Refonte ratée des relations entre France et Afrique
Au temps encore des colonies, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Comité français de la Libération nationale (CFLN) organise la conférence de Brazzaville sur l’avenir de l’Empire français. Le général de Gaulle prononce le discours inaugural : "Aucun progrès n'est, ni ne sera, un progrès si les hommes qui vivent sur leur terre natale, à l'ombre de notre drapeau, ne devaient pas en profiter moralement et matériellement, si ce développement ne devait pas les conduire à un niveau tel qui'ils puissent un jour être associé chez eux, à la gestion de leurs propres affaires."
Cette possible refonte des relations sera bien vite déçue. Certains y ont vu une porte ouverte à l’indépendance, c’était bien davantage la volonté de réformer pour maintenir l’empire à un moment où la colonisation commençait à être internationalement dénoncée. Et pour mesurer l’échec de cette nouvelle relation entre la France et l’Afrique, en 1960, toutes les anciennes colonies voteront pour leur indépendance.
Une indépendance marquée par le maintien de forts liens avec la France
Avec l'indépendance de ces états, c’est l’entrée dans la Françafrique, "l’Afrique à papa", l’Afrique de Jacques Foccart et d’Elf Aquitaine - surnommée "Elf Africaine" - le soutien aux régimes autoritaires en échange d’un accès français aux ressources africaines. François Mitterrand semble vouloir tourner le dos à cette Afrique, à la Baule en juin 1990 : "Il est évident que cette aide traditionnelle, déjà ancienne, sera plus tiède en face de régimes qui se comporteraient de façon autoritaire, sans accepter l'évolution vers la démocratie et qu'elle sera enthousiaste vers ceux qui franchiront ce pas avec courage."
Ce discours signe la fin de la Françafrique. La France conditionnera désormais ses aides à la démocratisation des pays, à la bonne gouvernance. C’est l’entrée dans un nouveau monde, la fin du néo-colonialisme. S’il y a eu des progrès, l’espoir est cependant bien vite douché par le maintien des vieilles pratiques. Les successeurs de François Mitterrand ont tous répété ce mantra sur les nouvelles relations entre la France et l’Afrique et ont, dans le même temps, apporté leur soutien au Gabon des Bongos ou au Tchad d’Idriss Deby.
Emmanuel Macron propose une troisième étape. Après la décolonisation et la néo-colonisation, une relation post-coloniale. Mais l’histoire nous a enseigné qu’il faudra donc prendre avec précaution les propos d’Emmanuel Macron, des propos qu’il faudra juger sur pièce, car dans l’ancien monde comme dans le nouveau monde, les grands et beaux discours ne sont que des grands et beaux discours.
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