Cet article date de plus de six ans.

Histoires d'info. En plus de 50 ans, le "godillotisme" n'a pas disparu du vocabulaire politique

Le terme de "godillot", utilisé dans les années 60 pour qualifier les parlementaires gaullistes, puis en 1981 à l'égard du Parti socialiste, semble refaire surface depuis les récentes élections législatives remportées par La République en marche.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le terme "godillotisme" est apparu dans le vocabulaire politique dans les années 1960 pour qualifier les parlementaires gaullistes. Le Parti socialiste a aussi été qualifié de "parti godillot" dans les années 80. Image d'illustration du logo du PS. (MAXPPP)

Voilà un mot désuet qui est revenu dans l’actualité dès le lendemain des élections législatives et l’arrivée de nombreux jeunes députés, en âge ou en expérience politique, sous l’étiquette La République en marche. Accusés d’avoir le doigt sur la couture, on les a qualifiés de "godillots", du nom de ces chaussures militaires solides et fiables qui ont équipé les soldats français du Second Empire durant l’entre-deux-guerres.

Le PS accusé de "godillotisme"

Le terme est apparu dans le vocabulaire politique dans les années 1960 pour qualifier les parlementaires gaullistes. En 1967, le Canard Enchaîné, journal en général très critique publie un numéro spécial consacré aux godillots où l'on voit la caricature d'un parlementaire qui chausse une paire de godillots. Ce parlementaire est décrit par le journal comme "le vide absolu au-dessus de ses sourcils, la cervelle est à l’Élysée", "un nez spécialement équipé pour la bonne soupe" et "des rotules renforcées, résistant à l’agenouillement prolongé." Il est ici question de la soumission totale de l’Élysée au Général de Gaulle.

Plus près de nous, d’autres ont subi cette accusation en "godillotisme". C'est le cas de Lionel Jospin, ancien patron du PS, quelques jours après la victoire de François Mitterrand en mai 1981. Il répond à la journaliste Danièle Breem par ces mots : "Il n'est pas question pour le Parti socialiste d'être un parti godillot. Ce n'est pas un type de chaussures que nous pratiquons volontiers. Elle nous chausse pas bien le pied à nous, socialistes. Simplement, il est question que le parti socialiste soit lui-même ni godillot, ni critique systématique. Il doit servir à transmettre vers le pays les orientations, les propositions du gouvernement et doit en même temps faire passer vers le gouvernement tout ce qu'il entend tout ce qu'il reçoit [de] l'opinion, car nous ne voulons pas que ce nouveau pouvoir ni le président de la République François Mitterrand, ni le gouvernement soit isolé du pays comme l'a été le précédent. Ce sera cela notre rôle."

Éviter les divergences

François Hollande a violemment éprouvé, avec les frondeurs durant la deuxième partie de son mandat présidentiel, le fait que les socialistes ne soient pas des godillots. C’est peut-être, fort de cette expérience vécue aux premières loges, que l'actuel président Emmanuel Macron a souhaité se construire une majorité stable et fiable, dans laquelle chaque mouvement d’humeur est scruté comme un sismologue analyserait les mouvements des plaques tectoniques.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.