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Histoires d'Info. Et le mythe de la surprise d'octobre est enfin devenu réalité

Il y a eu quelques rebondissements ces dernières semaines dans la campagne pour la présidentielle américaine. L'écart se resserre entre le républicain Donald Trump et la démocrate Hillary Clinton. Ces rebondissements de dernière minute sont monnaie courante dans l'histoire des élections américaines.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Hillary Clinto, candidate démocrate et Donald Trump, candidat républicain lors du débat télévisé du 19 octobre 2016 en vue de l'élection présidentielle américaine. (ROBYN BECK / AFP)

1968, accord sur le désengagement des Etats-Unis au Vietnam qui aurait largement aidé Humphrey à battre Nixon. C’est dans le camp de Nixon qu’on parle de "Surprise d’octobre", avec donc l’idée d’un coup politique. Une surprise d’octobre serait donc une mauvaise surprise, un mauvais coup préparé de longue date par le camp adversaire pour remporter la mise. 12 ans plus tard, à nouveau les Républicains craignent une surprise d’octobre bien préparée par leurs adversaires démocrates. Nous sommes donc en octobre 1980, le président Jimmy Carter est en difficultés face à Ronald Reagan, notamment en raison des 52 otages américains détenus à Téhéran depuis presque un an déjà. L’incapacité à les libérer était devenue le symbole même de la faiblesse de Carter, la preuve de son manque de leadership. Une libération quelques jours avant l’élection, ça aurait un certain effet. France Inter, Christian Beix, le 25 octobre 1980 : " Le reste de l'actualité, c'est tout d'abord les rumeurs persistantes d'une prochaine libération des otages americains en Iran, rumeur relancée par la chaîne américaine NBC qui a annoncé que cette libaration pourrait avoir lieu demain dimanche et se dérouler en deux temps. Les derniers otages seront libérés lundi. Certaines informations, en provenance de Téhéran cette fois indiquent que les otages auraient été rassemblés. Ce rassemblement pourrait donc laisser supposer une libération éventuelle. Bien sûr ces informations sont encore à prendre au conditionnel. "

Les républicains y voient une manœuvre in extremis ; Mais quand les otages furent finalement libérés le jour de l’investiture du président Reagan en janvier 1981, on se demanda si ce n’était pas les républicains qui avaient manœuvré. Il n’y aura donc pas eu de surprise d’octobre, ni en 1968, ni en 1980 et on se rend compte que c’est surtout un épouvantail brandi par ceux qui la craignent.

Pourtant cette année, on a été servi en surprises d’octobre

On a eu la vidéo de Trump où l’on entendait des propos scandaleux sur les femmes, des accusations de harcèlement sexuel, et précédemment le New York Times avait révélé que Trump n’aurait pas payé d’impot fédéral pendant 18 ans après avoir déclaré un milliard de dollars de perte en 1995…

 

Et maintenant Hillary Clinton…

Voilà que le FBI relance l’enquête sur des emails. Rappelons qu’une longue enquête du FBI a concerné les mails que Clinton a envoyés alors qu’elle était secrétaire d’Etat depuis son serveur personnel, et donc des mails susceptibles d’être hackés, mais aussi des mails effacés sans contrôle et même si elle a toujours affirmé qu’il s’agit de mails personnels, le doute a subsisté. Au final, le FBI avait parlé d’extrême négligence mais n’avait pas demandé au ministère de la Justice d’inculper Clinton. Mais voilà que des milliers de mails refont surface, même s’ils n’auraient été ni envoyés, ni reçus par Clinton. Des mails retrouvés sur l’ordinateur de l’ex-époux de la principale conseillère de Clinton, Huma Abedin. Des mails dont on ne sait rien pour l’instant, mais le FBI non plus, puisqu’il n’a eu un mandat pour y accéder qu’hier soir.

D’où les hurlements des démocrates qui accusent le patron du FBI, le républicain James Comey, d’agir à des fins politiques. Le chef des démocrates au Sénat, Harry Reid considère même qu’il a agi hors-la-loi, en tentant d’influencer l’élection.

Hillary Clinton que l’on annonçait victorieuse, c’est terminé ?

Il est difficile d’y répondre avec certitude. D’abord, on se dit qu’elle a bien fait de poursuivre la stratégie d’Obama de 2008 et de 2012 consistant à booster booster les votes anticipés. On devrait avoir un tiers de votes avant le 8 novembre. Et manifestement, ils profitent au camp démocrate.

Par ailleurs, les premiers sondages après la relance de l’enquête du FBI laissent apparaître peu d’effets sur les intentions de vote. Ce serait plutôt les petits candidats qui en profiteraient. Il faut dire que Donald Trump et Hillary Clinton restent très impopulaires. Mais, après les surprises d’octobre, nous ne sommes pas à l’abri d’une surprise de novembre.

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