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Histoires d'info. Karl Lagerfeld, mort d'un géant qui ne se voyait pas comme un artiste

Plus de 60 ans après ses débuts et des dizaines de milliers de dessins, le couturier Karl Lagerfeld est mort, à l'âge de 85 ans.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le créateur Karl Lagerfeld lors d'une exposition de ses photographies à la Langen Foundation, près de Neuss (Allemagne) le 17 novembre 2007. (ACHIM SCHEIDEMANN / DPA / AFP)

Tout commence en 1954. Se promenant dans Paris, Karl Lagerfeld n’a même pas 20 ans. Il tombe sur une affiche du syndicat de la laine pour un concours de dessins. Au jury, Givenchy et Balmain, 6 000 dessins arrivent, dont ceux du jeune Allemand de Hambourg qui obtient le premier prix pour le manteau. Pour la robe de soirée, le premier prix est attribué à Yves Saint Laurent.

La carrière de Karl Lagerfeld sera moins fulgurante que celle de Saint Laurent. Il est chez Balmain puis Jean Patou pendant que son ami/rival prend dès 1957 la tête de la plus prestigieuse des maisons, Dior.

Mais déjà, dès la fin des années 1950, un credo qui ne quittera plus celui que l’on appelait encore "Roland Karl" : habiller les femmes pour qu’elles soient chics, qu’elles aient de l’allure et qu’elles soient à l’aise dans leurs vêtements.

Un des premiers créateurs freelance du monde

Au moment où Saint Laurent crée sa propre marque au début des années 1960, Karl Lagerfeld devient l’un des premiers créateurs free-lance de la mode. "Je travaille pour presque une vingtaine d'affaires différentes, pour les femmes, les hommes, les enfants", explique le créateur en 1970.

Un homme totalement boulimique qui travaillait parfois anonymement. Avoir son nom sur une boutique le dégoûte, un peu de snobisme en convient-il d’ailleurs.

Un créateur du temps présent

Ce qui l’intéresse c’est de s’inscrire dans le temps présent, le moment que l’on vit. Au point d’ailleurs d’être le premier à brouiller les différences entre le prêt-à-porter et la haute couture. Dans ce domaine, Yves Saint Laurent sera pour une fois en retard sur Lagerfeld.

Ne faire des vêtements que pour les vêtements, ce serait futile et bête. Ce qui est intéressant, c'est que la mode est l'expression du temps, un air de famille pour le moment.

Karl Lagerfeld, en 1974

Lagerfeld devient le "Kaiser" de chez Chanel

Le couturier va changer de dimension au début des années 1980. Couturier du présent, tout le monde l’attend au tournant lorsqu’en 1983, il présente sa première collection à la tête de la prestigieuse mais un peu poussiéreuse grande maison Chanel.

Sur France Inter, la spécialiste de la mode, Christiane Paul-Fort n’est pas convaincue. Mais en réalité, Lagerfeld, qui deviendra d’ailleurs un boutiquier avec sa propre marque, triomphera à la tête de Chanel.

Fidèle à ses principes, il a fait du neuf avec du vieux. Il a mis des jeans et des baskets à ses modèles, ce que tout le monde a fait ensuite et a rendu les tailleurs bien plus agréables à porter. Chanel a conquis des jeunes.

J'ai quand même fait d'une maison morte, littéralement, la plus grosse affaire de prêt-à-porter du monde

Karl Lagerfeld

Lui qui disait aimer le côté éphémère de la mode, que les robes, une fois utilisées deviennent de vieux chiffons, est pourtant, et pour longtemps, entré dans le Panthéon de la mode.

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