Histoires d'info. La très récente apparition du terme "communautarisme"
Le terme "communautarisme" se fait discret dans les discours des années 1990 bien que l'ancien président Jacques Chirac fasse allusion à la notion en 1998. Aujourd'hui, ce mot est pleinement ancré dans notre vocabulaire.
"Communautarisme" : voilà un mot qui s'est imposé dans le vocabulaire médiatique et surtout politique. Entendu comme l’exact opposé de notre modèle républicain pour les uns, il est défendu par d’autres comme la seule solution pour les minorités de se faire entendre. Parler de communautarisme est sensible en France aujourd’hui. Quand est-ce que ce terme est-il apparu dans notre débat démocratique ?
Première apparition dans les années 90
Il est possible d'être surpris de le voir surgir si tard tant il est enraciné aujourd'hui.
Ce terme fait son apparition il y a vingt ans seulement, à la fin du mois de janvier 1998. À l’occasion du bicentenaire du rattachement de Mulhouse à la France, le président de la République, Jacques Chirac prononce un discours et fait un long dégagement sur le modèle d’intégration à la française. Il rejette fermement et définitivement tout communautarisme :
"La France n'est pas, et ne sera jamais une mosaïque de communautés juxtaposées. Le champ clos de gens qui s'ignorent ou qui s'affrontent. Notre pays est un, le communautarisme n'a pas sa place. Nous avons aujourd'hui le sentiment que les voies de l'intégration qui ont si bien fonctionné par le passé donnent des signes de faiblesse", prévient-il. "Pour autant, nous ne devons pas baisser les bras. Nous ne devons pas accepter que soit remis en cause, insidieusement, l'un des fondements de notre pacte social."
Un mot nettement plus prononcé dans les années 2000
Si l’interrogation du modèle d’intégration à la française était déjà ancien en 1998, la menace communautariste était formulée ici pour la première fois aussi clairement et qui plus est, par le président de la République.
Des chercheurs ont comptabilisé le nombre de fois où le terme est apparu dans la presse. Timide dans les années 1990, il fait surtout une percée à partir de 2003 dans la foulée du débat sur les signes religieux à l’école. Le discours de Jacques Chirac est étonnamment précoce et c’est probablement la raison pour laquelle il avait été peu commenté à l’époque. Il s'agit en revanche d'un discours ultra actuel, le signe, peut-être, du peu de prise en compte des dangers qu’il pointait il y a deux décennies.
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