Histoires d'Info. Les députés de La France Insoumise ne sont pas les premiers à briser la tradition vestimentaire
Depuis leur entrée à l'Assemblée nationale, les députés de La France Insoumise s'affichent sans cravate dans l'hémicycle. Ils ne sont pas les premiers à rompre avec une tradition vestimentaire : plusieurs de leurs prédécesseurs l'ont déjà fait.
Depuis son entrée à l'Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon évoque beaucoup sa volonté de ne pas porter de cravate au sein de l'hémicycle. Ce choix de briser une tradition vestimentaire au palais Bourbon est un message politique : Jean-Luc Mélenchon a la volonté très nette d'incarner dans les vêtements choisis une autre façon de concevoir et de mener l'action politique. On retrouvait déjà la même volonté le 12 juin 1997 chez le tout nouveau député communiste de l'Oise, Patrice Carvalho.
Voici ce qu'en disaient les médias au moment de son arrivée au Parlement : "C'est la première promesse respectée par la gauche. Le communiste Patrice Carvalho avait averti qu'il ferait sa rentrée parlementaire en bleu de travail, une façon de prouver qu'on peut être ouvrier-mécanicien et élu du peuple. Parole tenue. Seule concession : la cravate, qui est de rigueur à l'Assemblée nationale." L'intéressé s'est justifié ainsi : "Cette Assemblée est un peu trop pourvue à mon sens d'énarques, de gens de la haute administration ou de la fonction publique. Il faut aussi des ouvriers, c'est important." Il a tout de même tenu à porter une cravate, ce qui est une règle non écrite.
Des transgressions dès le XIXe siècle
Patrice Carvalho n'est pas le premier à avoir voulu porter des vêtements différents au Parlement pour des raisons politiques. À la fin du XIXe siècle, Christophe Thivrier, se présente à l'Assemblée lui aussi en blouse mais sans cravate. Le député de l'Allier et maire socialiste de Commentry, s'en justifiait le 25 octobre 1889 : "Mes électeurs ne veulent pas que je me déguise pour la séance d'ouverture." Il avait cependant quitté ses sabots pour l'occasion. Son objectif était de représenter le plus fidèlement possible ceux qui l'avaient élu. Christophe Thivrier fait corps avec cette blouse qui symbolise son engagement, au point de répondre à ceux qui le critiquent.
Respectez ma blouse, si vous ne voulez pas respecter ma personne
Christophe Thivrier, député de l'Allierle 25 octobre 1889
D'autres parlementaires ont aussi porté des vêtements atypiques. En 1789, Michel Gérard, seul paysan élu député du Tiers-État, s'est présenté à Versailles dans son habit de cultivateur, ce qui lui valut une certaine renommée jusqu'auprès de Louis XVI. En 1848, le député de Marseille, Louis Marius Astouin, est venu en habit de portefaix, c'est-à-dire celui qui porte des fardeaux. Enfin, en 1896, le député du Doubs Philippe Grenier, récemment converti à l'islam, a adopté le burnous, un grand manteau de laine sans manche, et la gandoura, une tunique sans manche qui se porte en-dessous. Il s'est ainsi attiré la curiosité de la presse, jusqu'à figurer en une du Petit Journal.
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