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Histoires d'info. Les évaluations nationales, objets de divergences entre les enseignants et les politiques depuis les années 1970

Nouvellement adoptées, les évaluations nationales pour les élèves de primaire, du collège et du lycée font déjà l'objet de critiques. Pourtant, ces tests étaient déjà remis en question dans les années 1970, période à laquelle les premières évaluations ont vu le jour.

Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des élèves d'une classe de CM2 passent leur test d'évaluation nationale, le 18 janvier 2011, dans une école de la région parisienne. (BORIS HORVAT / AFP)

Ceux qui critiquent l’évaluation des élèves de CP, de sixième, et bientôt de seconde ne se doutent peut-être pas que c’est une chose très ancienne. Les premières expérimentations sont nées en 1974, il y a près de 45 ans. Il s'agissait, à l'époque, de répondre aux enjeux du collège unique qui allait naître en 1975 pour s'assurer que la démocratisation de l’enseignement allait s’accompagner d’une standardisation du niveau des élèves. Il fallait un outil pour s’en assurer, ou plutôt y tendre. 

Des évaluations souhaitées par la droite et systématisées par la gauche

Il y a aussi une dimension apparemment nouvelle dans les annonces de Jean-Michel Blanquer qui date en réalité de la fin des années 1960 et qui consiste à évaluer le coût des politiques publiques. Dans les années 1970, on élargit les évaluations au CP. Mais jamais dans ces années-là ne trouve-t-on d’évaluation de tous les élèves d’un même niveau, et il n’y a aucune obligation légale de le mettre en place pour les enseignants. Certains d'entre eux sont toujours très sensibles à leur "liberté pédagogique." 

Au milieu des années 1980, avec la cohabitation, la droite accorde une grande importance à ces évaluations qu’elle veut généraliser. L’enjeu est alors de débloquer la grosse machine qu’est l’Education nationale, en poussant les enseignants à changer leurs méthodes, le tout sans avoir à affronter les syndicats...
C'est un peu paradoxal en apparence mais c’est la gauche qui va systématiser les évaluations. 

Les enseignants semblent alors réceptifs à ces tests. Le caractère obligatoire a certes dû avoir une influence sur cette volonté mais en 1993, une grande enquête révèle que plus de sept enseignants sur dix considèrent ces évaluations comme un moyen efficace pour déceler les difficultés des élèves, et 55% des enseignants ont dit avoir changé leur manière d’enseigner.

Un abandon progressif dans les années 2000

L'entrée dans les années 2000 marque le début d'une période de flou. C’est par exemple la généralisation de l’évaluation à l’entrée du CE1 en 2006 puis abandonnée en 2008, ou celle de l’entrée en seconde qui tiendra un peu plus longtemps, de 1992 à 2001. Et depuis 2013, il n’y a plus d’évaluation nationale du tout.

Plusieurs facteurs expliquent ce grand flou pour un enjeu aussi important. La résistance des enseignants ne doit pas être niée, au nom de leur "liberté pédagogique" et de la crainte d’être évalués. Xavier Darcos, qui avait voulu évaluer les élèves en cours d’année de CE1 et de CM2, s’était heurté en 2008 à une fronde d’enseignants, les "désobéisseurs", refusant de jouer le jeu des évaluations.

Mais il y a aussi, surtout depuis les années 2000, une multiplication des expérimentations qui a de quoi déstabiliser les enseignants. C’est comme si chaque ministre voulait se démarquer de son prédécesseur, guidé par la politique, au moins autant que par la pédagogie. Le retour des évaluations nationales voulues par Jean-Michel Blanquer devra donc dépasser les réticences des enseignants et s’inscrire dans la durée pour que les évaluations puissent être à leur tour, sereinement évaluées…

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