Histoires d'info. Mondialisation, défense, construction européenne : les erreurs du passé nourrissent l'argumentaire d'Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a fait référence aux années 1990 lors de son discours pendant la Conférence des ambassadeurs, une période durant laquelle bien des erreurs ont été commises, tant à l'échelle européenne qu'internationale.
C’est un retour vers le futur. À écouter le discours d’Emmanuel Macron aux ambassadeurs prononcé lundi 27 août à l'Élysée, on se dit que le président français aimerait, un peu comme un Marty McFly des années 2010, revenir aux années 1990 pour y corriger des erreurs qui aujourd’hui coûtent très cher.
Trois ont été mises en évidence : une à l’échelle mondiale, deux à l’échelle européenne.
"Repenser" la mondialisation
La première erreur concerne la mondialisation. Emmanuel Macron a pointé, lors du discours, que "ceux qui croyaient à un peuple mondialisé se sont trompés, il y a un retour de la psyché au niveau national. C’est le signe de la mondialisation différenciée de répondre à tous les besoins. Il faut donc la repenser" et que "tous les acteurs non-étatiques contribuent aux nouvelles régulations du monde, sans en être les passagers clandestins." On est loin de La mondialisation heureuse d’Alain Minc publié en 1997. En effet, Emmanuel Macron demande que "les acteurs non-étatiques" qui ne sont pas écoutés, "contribuent aux nouvelles régulations du monde, sans en être les passagers clandestins." On ne s'attendait pas à voir Emmanuel Macron en défenseur des altermondialistes.
Deux autres erreurs datant également des années 1990
Les deux autres erreurs des années 1990 sont des erreurs spécifiquement européennes.
Au lendemain de la guerre froide, l’Europe avait la possibilité historique de voler de ses propres ailes avec la disparition de la menace soviétique. Mais si l’Europe avait alors fait des progrès majeurs avec la naissance de l’Union européenne, elle n’avait pas osé ou pu faire naître une Europe de la défense autonome de l’OTAN. Incapable de pacifier l’ex-Yougoslavie en guerre, l’Europe avait alors abandonné ses velléités. Emmanuel Macron déclarait, pendant sa prise de parole, que "l’Europe ne peut plus remettre sa seule sécurité dans les mains des États-Unis. C’est à nous aujourd’hui de prendre nos responsabilités et de garantir la sécurité et donc la souveraineté européenne".
Sur l’Europe toujours, Emmanuel Macron a rappelé son projet d’une Europe des cercles concentriques, quelques États volontaires allant plus loin dans la construction. Il s'agit en réalité d'une idée de l'Union chrétienne-démocrate allemande datant de 1994 et enterrée par les partenaires européens. Il est question, encore une fois, des années 1990.
"Nous devons tirer toutes les conséquences de la fin de la guerre froide", déclarait Emmanuel Macron. Près de 30 ans plus tard, il est en effet peut-être temps.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.