Histoires d'Info. Quand le général de Gaulle inaugurait le France à Saint-Nazaire en 1960
Mercredi 31 mai, les chantiers navals de Saint-Nazaire livrent le MSC Meraviglia, le plus grand paquebot d'Europe, en présence d'Emmanuel Macron. En 1960, sur ces mêmes chantiers, le général de Gaulle inaugurait le paquebot France.
Le le paquebot géant MSC Meraviglia, dernier né de la flotte de l'armateur italo-suisse MSC Croisières, sera livré mercredi 31 mai, à Saint-Nazaire. Ce paquebot construit par STX France est le plus grand jamais livré à un armateur européen. L'Elysée a communiqué qu'Emmanuel Macron serait présent pour y assister ce qui n'est pas sans rappeler la visite d'un autre président de la République sur les chantiers de l'Atlantique. Le 18 mai 1960, les Actualités Françaises commentent avec fierté : "Jour J à Saint-Nazaire. Sur la cale où naquit jadis le Normandie s'abattent les dernières autour du plus beau paquebot, le France. En présence du chef de l'Etat, madame de Gaulle va donner le signal traditionnel du lancement. [...] Voici donc lancé le nouveau paquebot auquel la France, avec le général de Gaulle, a fixé pour mission de la représenter sur l'océan. [...] Il sera à la fois le plus grand et le plus confortable des transatlantiques modernes."
En 1935, au Havre, le président de la République Albert Lebrun avait présidé un dîner de gala à bord du Normandie avant son voyage inaugural. Mais en mai 1960, le général de Gaulle voit les choses en grand. Sa femme, Yvonne, est la marraine du navire, un navire qui symbolise la grandeur de la France. Son nom même est tout un programme comme le déclare De Gaulle dans son discours : "La cérémonie d'aujourd'hui ajoute à la fierté que nous avons de la France. Et maintenant que France s'en aille vers l'océan pour voguer et pour servir. Vive le France, vive la France !"
Le France part à la conquête du monde
Le paquebot est aussi la première grande réalisation des Chantiers de l'Atlantique inaugurés cinq ans plus tôt et qui ont pris le relais des vieux chantiers de Penhoët fondés en 1861 par les frères Pereire. Ce que de Gaulle vient donc célébrer, c'est aussi la puissance industrielle française, fer de lance de la puissance française tout court : "Ce chantier que j'avais vu il y a quinze ans bouleversé de fond en comble [...], le voici très vivant et je le crois bien triomphant. [...] L'apparition de ce navire magnifique sur l'océan fait voir à tous ce que vaut et ce dont sont capables les phalanges de dirigeants, d'ingénieurs, de techniciens, d'ouvriers qui animent notre industrie de la construction navale. [...] Dans ce vaisseau, nous saluons l'une des grandes réussites que la technique française présentement offre en hommage à la patrie."
En se rendant à Saint-Nazaire, cela signifie-t-il que Macron va nous faire du De Gaulle ? Cela ne serait pas la première fois de la semaine. Rappelez vous de la rencontre avec Vladimir Poutine lundi 29 mai à Versailles : le Général y avait aussi reçu Khrouchtchev en 1960. Reste que pour Saint-Nazaire, le contexte est bien différent. Si le carnet de commandes des chantiers navals est plein jusqu'en 2026, il y a une réelle inquiétude quant au maintien de l'emploi et du savoir-faire actuels suite à leur rachat par les italiens de Fincantieri en janvier dernier. Une chose est également sûre : le MSC Meraviglia battra pavillon maltais. On est donc loin de 1960 et Macron devra attendre pour éventuellement assister à l'inauguration du Nouveau France, un projet de paquebot français lancé en 2015 mais qui peine à trouver les financements suffisants à sa réalisation. Il y a les discours et les symboles gaulliens mais aussi et surtout la dure réalité économique.
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