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Histoires d'info. Simone Veil, figure emblématique à bien des égards

Entrée au Panthéon le 1er juillet, Simone Veil, déportée à l'âge de 16 ans, est une figure importante du combat des femmes et promotrice de l'Union européenne. Elle fait aussi partie de ceux qui ont pris la parole pour dénoncer les horreurs de la guerre.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Simone Veil, alors ministre de la Santé, durant d'une conférence de presse au Palais Bourbon à Paris, le 2 mai 1975. (AFP)

Le 1er juillet dernier, Simone Veil, accompagnée de son époux Antoine, a fait son entrée au Panthéon, signe de la reconnaissance de la patrie pour cette illustre femme décédée l’an dernier à quelques jours de son 90e anniversaire.
Figure indissociable du combat des femmes et chargée de faire adopter la loi sur l’avortement en 1975, infatigable promotrice du projet européen et première présidente du Parlement européen en 1979, Simone Veil aura traversé et changé le siècle.
Éprise de justice et juriste elle-même, Simone Veil fut victime de la pire des injustices. Elle est arrêtée à Nice à 16 ans puis déportée à Auschwitz-Birkenau. Rescapée avec ses deux sœurs, elle perd ses parents et son frère.

La froide description d'une jeune "déportée raciale" 

Il existe une archive exceptionnelle revenant sur ce douloureux épisode. Le 4 mars 1947, Simone Veil, âgée de 19 ans, est reçue par l’Assemblée nationale interrogée en tant que "déportée raciale". Son témoignage est diffusé à la radio quelques jours plus tard dans une émission qui vise non pas à raconter ou à comprendre l’univers concentrationnaire mais à remettre en cause la conception raciale des Nazis : "Je me suis trouvée en contact à Auschwitz avec beaucoup d'israélites déportés de tous les pays. De Hollande, de Grèce, de Belgique, de France, de Hongrie, de Tchécoslovaquie, de Pologne, énumère Simone Veil. D'après la théorie allemande de la race juive, ces gens auraient dû tous avoir un type commun. Or, j'ai remarqué très souvent, que dès que je voyais une Grecque, je devais la reconnaître à son type. Elles étaient en général brunes et avaient des yeux noisettes. De même les Hollandaises, au lieu d'avoir un type sémite comme elles auraient dû avoir, avaient en général des cheveux blonds, des yeux bleus, étaient assez fortes et grandes", décrit-elle.

C'est un témoignage froid, celui d’une ethnologue à Auschwitz, bien dans l’esprit des temps où l’on ne voulait pas voir l’horreur des camps dans leur totalité.
Ce témoignage de Simone Veil sera, durant longtemps, le seul qu'elle livrera sur les camps. Elle n’en reparlera que bien plus tard, à la fin des années 1980. Elle évoquera alors l’absence d’écoute, le fait d’être gênant dans la France d’après-guerre, et livrera son sentiment : "Ce qui est insupportable, c'est de parler et de ne pas être entendu."

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