Cet article date de plus de sept ans.

Histoires d'info. Weinstein, l'héritier d'une longue lignée de prédateurs sexuels à Hollywood

De nouvelles accusations contre le producteur Harvey Weinstein pour agressions sexuelles à Hollywood continuent d'affluer. C'est un problème qui ne date pas d'aujourd'hui.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Harvey Weinstein, producteur au Festival de Cannes, le 22 mai 2015. (LOIC VENANCE / AFP)

Sans banaliser l'affaire Harvey Weinstein, c'est un problème qui ne date pas d'aujourd'hui.

Judy Garland chante l’espoir d’un monde nouveau, plus beau. Elle chante Somewhere Over the Rainbow dans Le Magicien d’Oz, en 1939, un film produit par le plus grand studio d’Hollywood d’alors, la MGM. Louis B. Mayer a tous les pouvoirs. Et lors des répétitions de cette chanson, il prenait Judy Garland, 16 ans, sur les genoux et lui touchait la poitrine, pour l’encourager à chanter avec le cœur.

Les histoires de harcèlement sexuel dans le cinéma semblent aussi vieilles que le cinéma lui-même. Des gros producteurs qui se servent de leur position pour abuser des jeunes filles qui rêvent d’une carrière, il y en a des tas et des tas.
Harry Cohn, le tyrannique patron d’un autre grand studio hollywoodien, la Columbia des années 1910 aux années 1950, est aussi connu pour être l’inventeur du  "casting couch". Dans son bureau blanc, avec un piano et un canapé blanc et des bas nylons sur les étagères, il recevait quasi nu et prêt à l’action des jeunes filles qui ne savaient pas ce qu’elles devaient faire, ou plutôt ne pas faire. Il ouvrait la bouche des filles avec son stylo pour voir leur dentition, puis soulevait leurs jupes pour voir leurs fesses avant de leur imposer une relation sexuelle sur le fameux divan blanc.

Des cas très nombeux

Darryl Zanuck, le vice-président de la Twentieth Century Fox, était lui, injoignable chaque après-midi entre 16 heures et 16h30, son bureau fermé à clef, il y  "recevait" des stars de la Fox et des jeunes qui espéraient un rôle. De nombreuses ont témoigné avoir vu arriver le producteur nu et en érection. Des carrières pouvaient se faire ainsi, Marylin Monroe a avoué avoir dû payer de son corps au début de sa carrière, d’autres ont vu leur carrière détruite ou ralentie, à l’image de Joan Collins, pressentie pour le rôle de Cléopâtre, dans le film éponyme de Joseph L. Mankiewicz, de 1963. Elle racontera avoir refusé les avances d’un producteur et avait été finalement éjectée du projet, remplacée par Elizabeth Taylor.


Et dans tous les cas, des femmes qui parlent peu voire pas. Et quand elles parlent, on ne les écoute pas, ou on les fait taire. Des gens comme le terrible Eddie Mannix, un ancien videur qui passa sa vie à étouffer tous les scandales liés à la MGM, viol, drogue, suicide.Ava Gardner disait de lui : "Mannix connaissait des types louches qui connaissaient eux-mêmes des types encore plus louches." Et les Frères Coen ont consacré à Mannix leur dernier film, Avé César. A Hollywood, rien ne se perd, y compris le sordide.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.