L'Etat et Renault: histoire d'une impossible rupture
Retour en 1985. Celle que l’on appelle encore la Régie Renault va très mal. Depuis 1981, l’entreprise publique perd des sous et réduit ses investissement. La droite française, inspirée par le libéralisme triomphal aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, propose la privatisation de Renault. Le jeune député du Rhône, une étoile montante de la politique français, Michel Noir n’y va pas par quatre chemins:
"Il faut qu'on foute la paix à Renault et que Renault devienne une entreprise comme les autres"
De retour au pouvoir un an plus tard, la droite lance une vague de privatisation, mais Renault va trop mal pour envisager d’attirer les capitaux privés.
Si en 1987, Renault redevient bénéficiaire, la régie reste très endettée et a besoin d’argent frais. En 1990, la solution vient de Suède et plus particulièrement de Volvo, entreprise privée, par le biais une participation croisée. Certains y voient la mort du NI-NI, ni privatisation, ni nationalisation de Mitterrand en 1988. Le premier ministre Michel Rocard défend le projet et cherche notamment à calmer les syndicats.
"Il faut bien se rendre compte que dans un monde de concurrence dure, les plus petits sont mal placés. Il fallait se renforcer. La raison principale de cet accord, c'est tout de même de préserver l'entreprise et l'emploi "
De fait pour rendre possible cette fusion, Renault devient une S.A. en avril 1990 et la fusion est annoncée en grandes pompes en septembre 1993, mais patatra, tout s’effondre trois mois plus tard. Louis Schweitzer, le président de Renault au micro de Jean-Luc Hess sur France Inter.
Hess: "On sentait depuis plutôt que l'opinion publique suédoise ça l'inquiétait que son fleuron industriel passe sous la coupe française"
Schweitzer: "Quand on a annoncé la fusion le 6 septembre 93, tout le monde a approuvé et puis dans les dernières semaines d'octobre, s'est créé une sorte de mouvement d'émotion populaire avec une inquiétude sur l'identité suédois e"
L’échec de la fusion Volvo-Renault révèle surtout la crispation de l’Etat français qui a refusé de privatiser Renault avant la fusion et a taillé la fusion sur mesure pour devenir l’actionnaire majoritaire de Renault-Volvo avec 65% du capital. Craignant de perdre leur fleuron national, les actionnaires de Volvo ont brusquement claqué la porte.
Les débats actuels montrent que plus de 20 ans plus tard et malgré entre-temps la privatisation, l’Etat n’entend toujours pas perdre le contrôle de son ancien fleuron.
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