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Quand Giscard défendait le prélèvement des impôts à la source (1973)

C'est un véritable serpent de mer de la Vème république que le prélèvement de l'impôt à la source. Optimiste en 1973, Valéry Giscard d'Estaing devra bien vite déchanter.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Conférence de presse de présentation du budget 1974. Valéry Giscard d'Estaing y défend le prélèvement à la source © Sipa)

Retour au mois de septembre 1973. Le jeune ministre des Finances Valéry Giscard d’Estaing organise une conférence de presse pour présenter le budget 1974 et en profite pour évoquer une réforme qui lui tient à cœur depuis plusieurs années déjà.

"La France avait conservé une fiscalité démodée et d'application difficile. Tous les pays modernes, même l'Union soviétique, pratiquent le prélèvement à la source qui est le système le plus simple. D'ailleurs, je suis persuadé que quand on l'aura clairement expliqué aux Français, ils seront, à une très large majorité, favorables à ce principe ". 

Que Giscard évoque l’URSS pour vendre le prélèvement de l’impôt à la source a de quoi surprendre. Mais de fait, la France est à l’époque (déjà) l’un des rares pays à faire payer l’impôt après une déclaration faite par les contribuables eux-mêmes. Et Giscard, qui se présente comme le grand modernisateur de la France, souhaite voir rapidement cette réforme engagée. Elle permettra notamment, en période de difficultés budgétaires, de lutter plus efficacement contre l’évasion fiscale.

Un mois plus tard, en octobre, le projet de loi de Finances est devant le Parlement. Un Parlement qui rejette le prélèvement à la source, évoquant la complexité technique et l'importance symbolique de la déclaration...

Malgré cet échec au Parlement, Giscard n’abandonne pas. Et une fois à l’Elysée, son Première ministre Jacques Chirac affiche son attachement à cette réforme. Une réforme qu’il avait déjà tentée en 1967 à son poste de secrétaire d’Etat à l’Economie.

 

"Moi j'ai toujours été relativement favorable à la retenue à la source. Elle est conforme à une saine gestion de l'impôt et à une vie plus normale des individus qui sont moins empoisonnés que dans notre système actuel ".
 

Nouvel échec, suivi d’autres dans les années 1990 et au début des années 2000.

Compliqué techniquement, et coûteux en milliers d’emplois à la direction des finances publiques, le prélèvement à la source est un vrai serpent de mer de la Vème république.

Hollande réussira-t-il là où Giscard, Mitterrand et Chirac ont échoué ? On le saura bientôt.

 

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