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Quand l'ancêtre du CSA pouvait nommer librement (ou pas) les patrons de chaînes (1982-1984)

En septembre 1982, la Haute Autorité expérimente pour la première fois son pouvoir de nomination des patrons de la télévision et de la radio publiques. Mais bien vite, l’État reprend la main...
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (© Maxppp)

Retour  en septembre 1982. L’ancêtre du CSA, la Haute autorité, créée quelques mois plus tôt, choisit pour la première fois les patrons des chaînes de télévision et de radio publiques. Signe d’une certaine indépendance, la nouvelle institution présidée par Michèle Cotta décide de reconduire Pierre Desgraupes à la tête d’Antenne 2. Il est pleinement conscient de l'enjeu:

 

"En somme, j'ai fait ma première communion l'année dernière et c'est l'année de ma confirmation...Je suis tout à fait ému que la Haute autorité assume le risque de me renommer au poste où je suis..."
 

Déjà en 1981, François Mitterrand était hostile à la nomination de cet électron libre mais il avait alors été convaincu par son premier ministre Pierre Mauroy. Théoriquement, en septembre 1982 l’Elysée et Matignon n’ont donc plus voix au chapitre.

Mais Pierre Desgraupes fait preuve d’une très grande liberté, d'une trop grande liberté pour certains, en proposant la privatisation d'Antenne 2 !

Desgraupes agace au plus haut niveau de l’Etat. D’autant que le pouvoir socialiste est malmené dans les sondages et dans les urnes. Avant d’importantes échéances électorales, il faut quelqu’un de plus docile à la tête d’Antenne 2, et cela quitte à s’asseoir sur la soi-disant indépendance de la Haute Autorité…

Et c’est ainsi qu’en 1984, Michele Cotta doit annoncer la mort dans l’âme la nomination de Jean-Claude Heberlé à la tête d’Antenne 2 

"Il est de fait que nous n'avons pas trouvé le candidat qui rallierait tous nos suffrages. Je me suis abstenu...J'avais soutenu sans succès une autre candidature. Après sa nomination, Jean-Claude Heberlé nous a demandés s'il été assuré d'avoir en nous neuf alliés. Nous répondrons à cette question au jour le jour..."

  A l’heure où le CSA, officiellement totalement libre de son choix, commence les auditions des candidats au poste de PDG de France Télévision, gardons en mémoire l’épisode 1982-1984 qui nous montre qu’il y a parfois une différence entre l’indépendance formelle et l’indépendance réelle. 

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