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Quand les syndicats ont fait plier Alain Juppé (décembre 1995)

En décembre 1995, après un bras de fer de plusieurs semaines, les syndicats, CGT et FO essentiellement, font plier Alain Juppé qui retire son plan. En 2010, les syndicats échoueront face à la loi sur les retraites. L'heure de la belle a sonné.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
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Retour le 5 décembre 1995. La France est pour ainsi dire bloquée. Le plan Juppé qui visait à réduire le déficit de la sécurité sociale notamment en alignant les retraites du public sur le privé, a suscité la colère des syndicats et notamment de ceux des cheminots qui ont largement cessé le travail. La France est à pied, mais le premier ministre Alain Juppé, depuis son bureau de Matignon, affiche sa détermination :

"Nous sommes dans une situation de blocages et d'affrontements. Il faut en sortir, il faut en sortir d'urgence. Et pour ma part, je souhaite de tout coeur que les choses s'apaisent.
Certains formulent des exigences. Ils disent: le préalable à toute discussion, c'est que le gouvernement retire son plan. Eh bien, je veux vous parler les yeux dans les yeux. Je ne retirerai pas le plan de réforme et de sauvegarde de la sécurité sociale, parce que ce serait une erreur, et même une faute que de le faire. Cela irait contre l'intérêt de chacune et de chacun d'entre vous et contre l'intérêt de la France."

Trois semaines plus tôt, dans les colonnes du Sud-Ouest et au lendemain de l’annonce de son plan, Alain Juppé déclarait :

"Si deux millions de personnes descendent dans la rue, mon gouvernement n'y résisterait pas."

Presque un défi…que les syndicats, CGT et F.O. unis dans la lutte face au gouvernement et à la CFDT comme aujourd’hui, vont relever. Ils seront en effet près de 2 millions dans la rue le 12 décembre 1995. La stratégie de blocage a été gagnante. Si la grève n’a pas été générale, l’hypothèse d’un appel à la grève générale a un temps été envisagée début décembre par la CGT, elle s’est bel et bien généralisée. Sous pression, le gouvernement renoncera à l’essentiel des réformes annoncées, offrant un succès retentissant à la CGT et à F.O. qui ont fait plier Alain Juppé. En 2010, ces mêmes syndicats échoueront dans leur lutte contre la réforme des retraites. Alors aujourd’hui comme le chante joliment Julien Clerc:

"Pour que la belle arrive
il faut avoir perdu
dans un dernier coup de reins
avoir gagné après
il va falloir se battre
il va falloir gagner
adieu toutes les autres
la belle est arrivée..."

 

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