Histoires d'info. Un demi-siècle plus tard, la France va-t-elle lâcher les Bongo ?
Longtemps, très longtemps, le Gabon a eu une place de choix dans la Françafrique. Et les Bongo ont été choisis et choyés par Paris. Jusqu'à aujourd'hui ?
Janvier 1968, sur le perron de l'Elysée : le nouveau président de la République gabonaise séjourne en France depuis mardi. Après avoir rencontré hier et avant-hier plusieurs membres du gouvernement, M. Albert-Bernard Bongo est arrivé à l'Elysée accueilli par Monsieur Jacques Foccart. Après un entretien avec le Général de Gaulle, le président gabonais avait, avec les journalistes, son premier contact avec les journalistes en tant que chef d'Etat : "J'ai tenu que ma première sortie officielle dans un Etat ami soit la France."
Albert-Bernard Bongo, il deviendra Omar en 1973 après sa conversion à l’Islam, n’est président que depuis quelques semaines mais si son premier voyage est pour la France c’est d’abord parce qu’il doit tout à Paris, au général de Gaulle et à son monsieur Afrique, le fameux Jacques Foccart.
C'est en effet la France et plus précisément Jacques Foccart qui a choisi Bongo pour succéder à Léon Mba, qui avait été sauvé d’un coup d’Etat en 1964 par les para français venus de Brazzaville (il y aura des soldats français au Gabon après cette histoire...) et au passage on avait libéré le directeur de cabinet présidentiel Bongo qui deviendra le choix de Paris en 1967.
Une amitié sur fond de pétrole
C’est un des nombreux épisodes de ce qu’on appelle la "Françafrique", ce mot inventé par l’Ivoirien Felix Houphouët-Boigny pour qualifier les relations fortes, c’est le moins que l’on puisse dire, entre Paris et les dirigeants africains très enrichis et protégés par des accords de défenses signés au moment de la décolonisation. Cette stabilité conservait à la France son influence mais aussi autre chose, et notamment dans le cas du Gabon…Actualités Françaises, 1957: "Sur la carte mondiale de l'or noir, il faudra désormais ajouter une tache sur le Gabon. Des puits ont commencé à produire et récemment arrivaient au Havre les 11.000 premières tonnes de pétrole. Ce n'était qu'un début, d'autres pétroliers suivront...."
"L'Afrique à papa", la Françafrique d'hier a tout de même changé. Les relations entre la France et le Gabon se sont distendues. L’affaire Elf-Aquitaine, surnommée Elf-Africaine ou le Pompe Afrique, est passée par là, de même que l’arrivée de concurrents chinois dans la région.
Mais dans la crise actuelle, l’une des questions majeures demeure : la France va-t-elle lâcher les Bongo ? Voilà le signe que la Françafrique n’a pas totalement disparu
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