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"Un ministre, ça démissionne ou ça ferme sa gueule" : petite histoire d'une petite phrase

Souvent citée, jamais entendue, cette phrase attribuée à Jean-Pierre Chevènement ne relève-t-elle pas de la légende...?
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour le 22 mars 1983. Tout juste élu maire de Belfort, à l’occasion d’un remaniement, le ministre de la Recherche et de l’Industrie Jean-Pierre Chevènement quitte le gouvernement. Il s’agit en fait d’une démission. 

Le journal télévisé de FR3 Franche-Comté :

"Le ministre a donc perdu son portefeuille. Le ministère de la Recherche et de l'Industrie dont il avait la charge depuis deux ans est désormais confié à Laurent Fabius. Nous savons aujourd'hui qu'il avait présenté sa démission le 2 février dernier au président de la république. Une démission qui faisait suite à des désaccords autant sur les méthodes que sur la conception de l'action gouvernementale. "

Ce n’est certainement pas la première démission d’un ministre sous la Vème République. A cette date, en 1983 donc, plus de 40 ministres ont fait le même choix que Jean-Pierre Chevènement depuis 1959. Mais cette démission va avoir un retentissement particulier en raison d’une phrase attribuée au ministre démissionnaire.

Cette phrase citée à chaque démission d’un ministre et souvent entendue hier après le départ de Christiane Taubira, elle aurait été prononcée lors d’un conseil des ministres de février 1983 à l’issue duquel Jean-Pierre Chevènement aurait présenté sa démission à François Mitterrand.

J’ai bien cherché me demandant même si cette phrase n’était pas à une légende…Jusqu’à ce que je tombe sur cette archive de novembre 1989, alors ministre de la Défense, Chevènement est face à Jean-Claude Bourret sur la défunte "5":

Jean-Claude Bourret : "Alors, "un ministre ça démissionne ou ça ferme sa gueule", c'est une phrase dont vous vous souvenez, c'est vous qui l'avez prononcée.. ."
Jean-Pierre Chevènement : "Je l'ai prononcée le jour où j'ai quitté le gouvernement...où j'avais décidé de quitter le gouvernement en 1983. J'ai toujours eu une certaine conception...je dirais un certain sens de l'Etat"

Alors non seulement il a bien prononcé cette phrase mais il a même appliqué la règle. Outre sa démission de 1983, il démissionnera à nouveau en 1991 refusant l’intervention militaire française en Irak, puis en 2000 quand ministre de l’Intérieur il quittera le gouvernement Jospin rejetant la politique menée par le Premier ministre en Corse.

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