Cet article date de plus de dix ans.

Nos petites lâchetés quotidiennes

Deux vidéos réalisées en caméra cachée invitent à s'interroger sur notre rapport à l'autre selon la manière dont il est vêtu.
Article rédigé par Jules Lavie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

Il s'agit d'une
double vidéo réalisée en caméra cachée. On est à Paris, à un carrefour très
passant, en pleine journée. Un jeune homme, mal habillé, un peu sale marche, se
met à tousser et s'effondre sur le trottoir, interpellant les passants, les
implorant de l'aider... Les gens passent, regardent plus ou moins mais personne
ne s'arrête.

Passons à la deuxième
vidéo : ce même jeune homme arrive bien habillé, costume cravate, propre
sur lui. Il marche, se met à tousser et s'effondre, au même endroit que sur le
première vidéo. Mais là, aussitôt, une jeune femme vient lui porter secours.

Cela s'intitule le
poids des apparences
. Vision frappante de nos petites lâchetés quotidiennes,
banales évidemment, "rien d'étonnant" dit d'ailleurs l'un des
commentateurs de cette vidéo : "Un "clochard" qui est
couché dans la rue c'est "courant, banal" donc ça n'a pas de raison
de choquer alors que quelqu'un en costume, ça sort de l'ordinaire on se dit
qu'"il y a un problème" "

Histoire de lâcheté ordinaire

Ces vidéos, mises en ligne en début de
semaine et repérées par le Huffington Post , sont à rapprocher de l'agression
vécue
par une femme dans le métro à Lille mi-avril et rappelée par Libération
ce matin. Sur le quai, attendant la rame, elle est menacée de viol par un jeune
homme qui multiplie les attouchements, devant plusieurs témoins qui restent
impassibles. La scène est enregistrée par les caméras de vidéosurveillance.
"Elle a choqué jusqu'aux policiers" dit Libération .

Là aussi, histoire de lâcheté ordinaire,
"effet de groupe" souligne dans cet article le criminologue Roland
Coutanceau : "le fait qu'autour de soi personne ne bouge renforce la passivité" .
Habitude culturelle ajoute ce psychiatre : "en France, nous ne favorisons
pas l'intervention de gens, nous avons plutôt tendance à dire ne jouez pas aux
héros, appelez la police. Il faut que notre société s'interroge sur cette
question"
.

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