Cet article date de plus de douze ans.

Prise de tête

Article rédigé par Jean-Christophe Martin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Avec une prise de tête dans la presse...

C'est une première en France et une affaire un peu étrange : pour solder un héritage de l'histoire coloniale, la ville de Rouen a rendu officiellement une tête maorie à la Nouvelle-Zélande. Les maoris, les premiers occupants de la terre néo-zélandaise, qui ont donné ces têtes momifiées aux musées occidentaux, et aussi moins tragiquement le haka au rugby.

L'information aurait pu passer relativement inaperçue au milieu du flot d'articles sur le Grenelle de l'Environnement ce matin, mais comme en France rien n'est jamais simple, au lieu d'une table ronde, voilà la dernière querelle de clocher : même si le ministère de la Culture n'est pas d'accord pour qu'on rende la tête, "Rouen n'en fait qu'à sa tête", Libération et Paris-Normandie ont trouvé le même titre ce matin...

Paris-Normandie nous explique que cette tête de guerrier maori était en dépôt au muséum de Rouen depuis le 19ème siècle... que ces pièces macabres, ces têtes naturalisées, étaient en vogue à l'époque avant de devenir l'objet d'un trafic sordide.

Et que l'affaire tourne maintenant à la prise de tête franco-française puisque le ministère de la Culture veut garder en France cette pièce de musée pour les uns, qui n'est rien d'autre qu'un reste humain pour d'autres comme le rappellent Libération et Paris-Normandie.

Voilà comment l'affaire de la tête vire au casse-tête... à la bataille juridique et éthique qui va même se régler devant le tribunal administratif, avec d'un côté les guerriers de la tribu de Rouen, nouveaux alliés des Maoris, et de l'autre les chefs traditionnels du ministère qui ne sont pas des tête-en-l'air et qui s'arc-boutent bille en tête sur la défense du patrimoine.

Paris-Normandie souligne que cette tête, les Néo-Zélandais ne veulent pas en faire à leur tour une pièce de musée mais l'étudier pour la restituer aux descendants de celui à qui elle appartenait, et lui donner une digne sépulture.
Alors une idée pour finir, si on arrive pas à identifier sa tribu d'origine, la France toujours généreuse pourra quand même faire un geste : pour retrouver les ancêtres de la tête, pourquoi pas proposer aux Maoris un test ADN. Ca éviterait de se prendre la grosse tête...

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