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Il était une fois en Amérique : 1952, le coup de théâtre de Nixon

Alors que l'élection présidentielle se profile aux Etats-Unis, retour pendant tout l'été sur des épisodes marquants de l'histoire politique américaine.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Dwight Eisenhower, son colistier Richard Nixon et leurs épouses le 11 juillet 1952 lors de la convention du Parti républicain, à Chicago (DESCONOCIDO / USIS PHOTO LAB)

En campagne en tant que colistier d’Eisenhower, en 1952, Nixon est soupçonné d’avoir été en partie financé par une caisse noire. Beaucoup de républicains poussent Eisenhower à se séparer de celui qui a déjà acquis le surnom peu flatteur de "Tricky Dick".

Sentant l’urgence de la situation, Nixon décide de prononcer le 23 septembre 1952 un discours télévisé dont il écrit les grandes lignes la veille, dans l’avion qui l’emmène à Los Angeles. L’heure de son intervention est choisie avec soin : elle sera retransmise en direct juste après le très populaire Texaco Star Theater avec Milton Berle. Elle est suivie par soixante millions d’Américains, un record absolu pour l’époque.

Et ils ne l’ont pas regretté tant le numéro de Nixon est exceptionnel. Il joue la carte de la transparence totale, donnant le détail de son patrimoine, modeste, et allant même jusqu’à préciser : "Ce n’est pas beaucoup mais Pat et moi avons la satisfaction que chaque centime a été gagné de manière honnête. Je dois vous dire que Pat n’a pas de manteau en vison. Mais elle a l’étoffe républicaine. Et je lui dis toujours qu’elle est belle peu importe ce qu’elle porte." Puis, se souvenant peut- être de ses cours de théâtre, Nixon termine son discours en reconnaissant qu’il a reçu un cadeau pendant la campagne. L’effet dramatique est garanti.

La carte "Checkers"

Il raconte alors qu’un Texan, ayant entendu à la radio que les deux filles Nixon rêvaient d’avoir un chien, leur en avait envoyé un, désormais baptisé Checkers. Et, avec des trémolos dans la voix, il conclut : "Et puis vous savez, les enfants, comme tous les enfants, adorent le chien, et je vous le dis tout de suite, quoi que les gens disent, nous allons le garder." Nixon a joué sur toutes les cordes sensibles.Les caméramen en larmes à la fin de la diffusion, le parti républicain reçut les jours qui suivirent plus de quatre millions de lettres, télégrammes ou appels téléphoniques pour apporter un soutien à Nixon ! Sa vice-présidence était dès lors assurée.

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