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Il était une fois en Amérique : 1972, les larmes de Muskie

Alors que l'élection présidentielle se profile aux États-Unis, retour pendant tout l'été sur des épisodes marquants de l'histoire politique américaine.

Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Edmund Muskie s'exprimant devant le l'Union Leader, le 4 mars 1972. (BETTMANN / BETTMANN)

Si tout se passe comme prévu, Edward Muskie gagnera le droit d’affronter, au nom du parti démocrate, le président Richard Nixon en novembre 1972. Mais tout ne se passera pas comme prévu. À trois jours de la primaire du New Hampshire, sous la neige qui tombe fort, le 4 mars, Ed Muskie monte sur la plateforme d’un camion qu’il a loué pour l’occasion. Il n’est pas n’importe où. Il est devant l’immeuble qui abrite les bureaux du quotidien conservateur Manchester Union-Leader.

Aux fenêtres, quelques employés du journal regardent la scène qui allait détruire les ambitions présidentielles du sénateur. Muskie vient affronter le directeur du journal, William Loeb, qui l’a accusé d’avoir été injurieux à l’égard des Américains descendant des Canadiens francophones. Pire encore, il révèle l’alcoolisme de Jane, la femme de Muskie, "instable émotionnellement".

Là, sous les fenêtres de Loeb, le candidat vient défendre l’honneur de son épouse et le traiter devant les médias locaux et nationaux de "lâche" et de "menteur". Mais il se laisse emporter par l’émotion. David Broder du Washington Post est cinglant, notant qu’il "craqua trois fois en autant de minutes". Le sénateur se défend tant bien que mal en évoquant les flocons de neige sur ses joues. Mais c’est trop tard. Pour l’opinion publique, Muskie a pleuré. Le Manchester Union-Leader s’en donne à coeur joie. Jane est instable émotionnellement… et son mari aussi !

Et un mois plus tard, accablé de soucis financiers, abandonnés par ses plus fidèles supporters, Edmund Muskie a donc baissé les bras. Celui qui était considéré, encore six mois auparavant, comme l'adversaire démocrate le plus sérieux de Nixon, renonce à la compétition. 

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