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Il était une fois en Amérique : 1988, Dukakis face à Bush, la campagne de la honte

Alors que l'élection présidentielle se profile aux États-Unis, retour pendant tout l'été sur des épisodes marquants de l'histoire politique américaine.

Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Bush et Lee Atwater, son directeur de campagne, après une victoire pour les primaires, à New Hampshire, le 17 février 1988. (RON SACHS / MAXPPP)

Quand Bernard Shaw, le journaliste de CNN, a demandé à Michael Dukakis s’il était toujours opposé à la peine de mort pour le coupable, si sa femme était violée et tuée, Lee Atwater, le directeur de campagne de Bush a su qu’il avait gagné la bataille.

C’est lui qui a dégoté une histoire qui allait empoisonner la campagne de Dukakis, au point de précipiter sa chute. Cette histoire, c’est celle de Willie Horton, un Afro-Américain emprisonné à vie dans le Massachusetts, État dont Dukakis est  le gouverneur, pour le meurtre d’un jeune homme de 17 ans, en 1974. Libéré deux jours en juin 1986, il vole une voiture à un couple de Blancs, viole la femme devant le mari qu’il frappe d’un coup de couteau avant de fuir.

Campagne publicitaire sordide

Une sordide histoire qui incrimine clairement la faiblesse de Dukakis, lui qui s’est opposé publiquement à la peine de mort. Pour Lee Atwater, l’enjeu est simple : "D’ici la fin de cette élection, Willie Horton sera un nom connu de tous." À partir du 22 septembre 1988, les médias sautent sur cette affaire d’autant plus que, le couple agressé par Horton, commence à raconter leur calvaire, notamment chez Oprah Winfrey.

Une première publicité, officiellement sans lien avec la campagne de Bush est diffusée, elle évoque Horton. Puis une autre de la campagne de Bush qui n’évoque que la faiblesse de Dukakis face aux criminels. Le résultat est  sans appel : les sondés considérant que Bush est "suffisamment ferme" sur le crime sont passés de 23% en juillet à 61% à la fin du mois d’octobre. Dans le même temps, le nombre de ceux qui considèrent que Dukakis n’est "pas assez dur" est passé de 36% à 49%. Plus tard, Bush avouera son dégoût d’avoir dû mener une telle campagne à l’opposé de toutes ses valeurs.

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