Ils ont fait l'actu. L'humoriste Jean-Pascal Zadi s'apprête à sortir la saison 2 de sa série "En place"
Le 20 janvier 2023, la série événement En place sort sur Netflix. À l'écriture, dans le rôle principal et derrière la caméra, Jean-Pascal Zadi. Avec une question, la France est-elle prête à élire un président noir ? La réponse est oui, selon l'humoriste, "franchement, oui. Je suis très positif de nature et je pense que oui. Et je pense que même la question se posera même pas, bon peut-être que je m’avance un peu."
>> Jean-Pascal Zadi : "Dans le cerveau de celui qui exclut, il y a beaucoup de matière pour rigoler"
Mêlant le cocasse et le grave, Jean-Pascal fait mouche une nouvelle fois avec cette série, trois ans après le succès de Tout simplement Noir, son long métrage où il interrogeait les contours de la communauté noire en France, ce film lui a valu un César du meilleur espoir en 2021. Stéphane Blé, le faux naïf aux portes de l'Elysée est guidé par son éminence grise sans scrupules interprété par Eric Judor, Benoît Poelvoorde, le maire de gauche véreux, Marina Foïs joue la candidate écolo, Fary et Pierre-Emmanuel Barré dans le rôle du candidat d'extrême droite sont aussi au casting. Les personnages secondaires, la famille et les proches de l'animateur social sont particulièrement drôles. Une satire politique subtile qui amène de la fraîcheur, même si les épisodes sont inégaux. En tout cas, elle a cartonné sur Netflix, "c'est un miroir de ma vie", résume Jean-Pascal Zadi pour qui faire du cinéma semblait sur le papier un rêve inaccessible.
"Je ne me considère pas comme quelqu'un de talentueux ou quoi que ce soit, mais comme j'ai une parole qui a une résonance, je pense que c'est le fait qu'il n'y ait pas beaucoup de gens qui ont mon point de vue qui s'exprime, qui fait que dès que je parle, des gens se reconnaissent en moi.
Jean-Pascal Zadià franceinfo
Je pense aussi que faire de l’humour, ça touche beaucoup de gens", déclare Jean-Pascal Zadi. Un point de vue que selon lui on voit encore peu sur les écrans celui "d’un noir, qui vient d’une famille nombreuse, pauvre, qui a vécu à la campagne, en banlieue, à Paris et donne son avis sur la société et la politique", dit Jean-Pascal Zadi qui vient d’une famille politisée, dans la série.
Ce sont les candidats de gauche qui sont surtout représentés et critiqués, "parce que la gauche, pour moi, en tout cas, dans ma famille d'Ivoirien, c'était très important. Comme disait ma mère, on est français grâce à Mitterrand. Mais déjà, je trouve que c'est faux avec du recul, ils sont français, parce qu'il y a une histoire coloniale. J’ai fait ce portrait de la gauche, parce que nous sommes de grands déçus de la gauche et tout ce qu’il s’est passé avec Manuel Valls etc, ça a été très dévastateur. Pour moi, ça a révélé que finalement, c’était plus un idéal de gauche que mes parents avaient en tête que vraiment la gauche. La déception est à la hauteur du tableau que j’en ai tiré."
L'année 2023 très chargée
La saison 2022-2023 a été pleine de succès, "ça a été une grosse année pour moi. À partir du moment où la série est sortie et qu'elle a marché, j'avais déjà quand même pas mal de regards sur moi, mais j'ai l'impression que là, ça a encore plus augmenté." suggère Jean-Pascal Zadi. Un regard différent à tout point de vue plaisante Jean-Pascal Zadi : "Oui parce que maintenant, je fais des photos avec des policiers alors qu'avant, quand j'en voyais, j'avais un peu peur. Et maintenant, c'est bienveillant tout ça. Il y a plein de choses qui changent avec la notoriété et c'est aussi les sollicitations. Maintenant, je suis très sollicité pour jouer dans des films. Et moi, je suis un gars, j'ai du mal à dire non, donc du coup, ça me met dans des galères ! C’est que j'aime bien les gens en fait, et même si je ne peux pas faire le truc, j'ai du mal à dire non, je ne sais pas pourquoi. C'est peut-être la peur aussi que ça s'arrête. Mais le fait d'être reconnu dans l'espace public, c'est vrai que ça change beaucoup de choses. J’ai plus confiance en moi, mais j'ai quand même de petits moments de doute, par exemple quand j'arrive dans des palaces, des gros hôtels ou des gros restaurants, je ne sais pas pourquoi j'ai quand même la petite crainte de me faire refouler toujours." Dans ces moments-là explique Jean-Pascal Zadi, il est rattrapé par son "milieu social". Il estime que "oui, on peut dire j'ai fait le parcours d'un transfuge de classe, mais quand même, dans mon âme et dans mon esprit, je reste quand même un pauvre, noir, africain. Donc parfois, oui, j'ai des petits sursauts qui remontent comme ça et je pense que j'aurai ça toute ma vie."
L’acteur-réalisateur fait souvent référence à ses parents arrivés de Côte d’Ivoire dans les années 80 : "ils sont soulagés parce qu'ils avaient très peur.
Quand tu t'engages dans un processus tel que le cinéma, alors que quand j'ai commencé, il n'y avait pas de réalisateurs noirs, il n'y avait pas d'acteurs noirs et pas de producteurs noirs, en fait, c'est comme si tu allais à l'abattoir.
Jean-Pascal Zadià franceinfo
Donc mes parents, ils avaient très, très peur pour moi, reprend Jean-Pascal Zadi. Mais moi, j'étais animé ou bête, je ne sais pas, mais je savais que j'allais aller au bout. Au moins, j'allais essayer de trouver cette place qu'ils ont cherché pendant des siècles, qu'ils ont eu du mal à trouver et que moi j'ai trouvé par le travail. Ma mère a quelques remarques sur mon boulot parce que ma mère est une fervente catholique. Et souvent, dans mes films ou les séries, je critique un peu les noirs qui sont très catholiques, et ma mère m'a dit non, JP, faut faire doucement avec Jésus quand même, s'il te plaît doucement. Mais ce n'est pas Jésus que je critique, c'est la façon dont elle est à fond."
La saison deux de la série En place va sortir prochainement, très attendue par les fans et Jean-Pascal a dit est toujours à l'affiche du film Yo Mama. Il y est acteur et pour la première fois producteur.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.