Mort de Shemseddine à Viry-Châtillon : "C’est le drame absolu", témoigne le maire
"C'est innommable, c'est très dur, je suis ému", réagit, en larmes, Jean-Marie Vilain, le maire, les Centristes, de Viry-Châtillon, le 5 avril 2024, au lendemain de la mort Shemseddine un adolescent passé à tabac à la sortie de son collège. "Mais moi ce n'est pas grave. Moi, dans quelque temps sûrement, j'aurai d'autres choses qui font que j'y penserais moins, sa maman, elle va y penser toute sa vie", poursuit le maire de la commune de l’Essonne face à la presse, aux côtés de la ministre de l'Éducation Nicole Belloubet et d'autres élus.
Le choc et l'émotion après la mort de Shemseddine ont été nationaux. Il y a aussi l'incompréhension, celui que ses amis appelaient "Shems", a été battu à mort pour avoir parlé de sexualité avec la sœur de l'un des mis en cause. Ils sont quatre jeunes hommes, trois mineurs et un majeur, mis en examen pour assassinat. Plus de quatre mois après la mort du collégien, Jean-Marie Vilain dit encore ne pas s'expliquer de manière rationnelle ce qu'il s'est passé. Le maire de Viry-Châtillon a accompagné la famille pour les obsèques du collégien, suggéré puis organisé une marche blanche qui a réuni 200 personnes.
Un drame qui le marque toujours
La famille de Shemseddine, sa mère et sa sœur ne souhaitent pas s'exprimer dans les médias, toujours en contact avec la maman du jeune homme, Jean-Marie Vilain donne de ses nouvelles. "La maman de Shemseddine a déménagé sur une commune voisine, pas très loin, là où ses enfants sont scolarisés maintenant. Et les familles des agresseurs sont eux aussi en demande. D'ailleurs, les enfants ne sont plus à l'école à Viry et ont été aussi transférés dans des établissements, dans des communes voisines, rapporte-t-il. Ce sont aussi des familles qui sont dans le malheur. Certainement pas autant que la maman de Shemseddine qui, elle, a vécu le drame absolu de perdre un enfant".
Même s’il tient à rappeler que ce drame ne l’a pas touché directement, Jean-Marie Vilain reste marqué. "Il y a une inquiétude maintenant dès qu'on est au courant qu'il y a des regroupements qui se font dans la ville, en particulier de jeunes. On envoie tout de suite la police municipale. Moi, je me déplace assez facilement", raconte-t-il. "La seule chose que je souhaite pendant les deux dernières années de mon mandat, c'est que plus jamais quelque chose comme ça ne se passe", insiste-t-il. "Ça me marque encore et il y a de fortes chances que je vois encore un psy pendant quelque temps, confie-t-il. Mais encore une fois, il faut relativiser parce que ça reste un détail de ma vie malheureusement, par rapport à la famille, c'est sans commune mesure. Donc moi, je vivrai avec et ça me passera un jour".
"Pas de solution miracle"
Jean-Marie Vilain revient ensuite sur l’interview qu’il a donnée, en larmes, à la sortie du collège. "Il y en a trop qui ont dit que c'étaient des larmes de crocodile, rapporte-t-il. Je vous assure qu'on ne contrôle pas quelque chose comme ça". L’émotion, il le rappelle, était forte aussi pour les enseignants. "Vous ne camouflez pas ça, explique-t-il. C'est le drame absolu, ce qui est arrivé à ce jeune et à sa famille".
Quand on lui demande quelles mesures pourraient être appliquées tout de suite pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise, il explique qu’il n’a "pas de solution miracle". Il souligne que des actions de prévention sont faites, notamment avec l’association Émergence. Selon lui, "il faut continuer d'être attentif au quotidien, sur le terrain, sur la façon dont les jeunes réagissent". "Moi, je ne les ai pas les solutions miracle, insiste-t-il. Mais je pense que tout part des parents, et de l'accompagnement éventuellement des parents, pour justement leur réapprendre à être des parents pour certains". Des parents qui doivent être accompagnés, mais aussi prendre leurs responsabilités, estime Jean-Marie Vilain.
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