Que devient Auguste Moanda, le curé de la paroisse Saint-Etienne-du-Rouvray, où le père Jacques Hamel a été assassiné ?
En juillet 2016, deux terroristes ont assassiné le père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray. Depuis, le père Auguste Moanda est toujours le curé d'une paroisse encore sous le choc.
26 juillet 2016. Alors qu'il célèbre la messe dans l'église Saint-Étienne de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, le père Jacques Hamel, 85 ans, est assassiné par deux terroristes. Les deux hommes sont ensuite abattus par les forces de l'ordre. Quelques heures plus tard, l'organisation État islamique revendique l'attentat. Dans la communauté religieuse, cette attaque contre une église provoque la stupeur. À Saint-Étienne-du-Rouvray, le père Hamel officiait comme curé avec le père Auguste Moanda. "C'était la stupéfaction, c'était la tristesse. C'est difficile à comprendre comment ça peut arriver. On s'imaginait que les gens auraient un minimum de respect pour un sanctuaire, pour un lieu saint. On se sentait tranquille dans l'église..."
Après l'attaque, les portes de l'église sont restées longtemps fermées. Le lieu de culte a finalement rouvert au mois d'octobre 2016 et, désormais, le père Auguste officie seul dans la paroisse. "La blessure est encore là, elle est encore vive. On a du mal à tourner vraiment la page", raconte le prêtre qui confie que la mémoire du père Hamel reste omniprésente, un an après son assassinat. "Le père Hamel est vivant, plus que jamais. Ce qui est impressionant, c'est quand on accueille des gens. Il y en a beaucoup qui viennent passer un moment de prière dans l'église où il a été assassiné. J'ai reçu des gens venus du Canada, des États-unis, de l'Australie, d'Égypte, de Grande-Bretagne... Ils étaient venus spécialement peut-être à cause du symbole, ou de l'âge du prêtre. Ça doit avoir choqué beaucoup de gens."
Une année difficile à gérer psychologiquement
Le religieux explique que ces douze derniers mois ont été difficiles. "Psychologiquement, c'est compliqué à gérer. Il y a un petit sentiment de culpabilité. Je me dis 'Pourquoi pas moi ?' C'est quand même moi le responsable de la paroisse. Ce n'est pas facile à gérer psychologiquement." Le retour dans l'église Saint-Étienne du père Auguste Moanda a été délicat également. "Cela m'a coûté au début, quand l'église n'était pas encore officiellement rouverte. J'ai eu peur d'entrer tout seul. Mais depuis lors, j'aime bien y aller et me recueillir. Je trouve que c'est un lieu qui est devenu pour moi très apaisant. Et j'y retourne souvent."
L'édifice a rouvert en octobre 2016. C'était important, dit le père Auguste Moanda. "Il y avait beaucoup de demandes, plusieurs personnes voulaient se recueillir dans cette église". Mais la réouverture de l'église ne s'est pas imposée immédiatement. "On avait peur de revivre un scénario similaire. On a beaucoup hésité mais on a délibéré et on s'est dit que ce serait bien que les gens viennent quand même." Dans l'église, un coin de prière dédidé au père Jacques Hamel a été aménagé et les fidèles sont plus nombreux qu'avant. "Il y a un peu plus de monde et surtout il y a à chaque fois des gens qui viennent d'ailleurs."
"Pas question de partir"
Malgré les événements et les difficultés à les surmonter, le père Auguste Moanda n'a jamais imaginé quitter Saint-Étienne-du-Rouvray. "Peut-être que ça arrivera après, mais pas maintenant. Je me suis dit : 'Il faut que je reste là pour soutenir la communauté'. Je n'ai jamais pensé à ça parce que ça reviendrait à m'enfuir. Je me dis que c'est très lâche pour moi de fuir."
Les premières messes à l'église, après la réouverture, ont été des moments parfois un peu stressants. "Le moindre mouvement pendant les célébrations inquiétait un peu les gens. Quelqu'un qui rentre dans l'église, quelqu'un qui arrive en retard, cela faisait sursauter les gens. Alors chaque fois qu'on a des grandes cérémonies, des temps forts, les services de police de la préfecture mettent à notre disposition des forces de sécurité qui veillent pour intervenir au cas où." Mercredi 26 juillet, pour le premier anniversaire de l'attentat, une stèle sera érigée devant l'église en mémoire du père Hamel. Le processus de béatification du prêtre martyr, qui doit durer au moins deux ans, a commencé au mois d'avril.
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