Abd Al Malik signe "Scarifications", un album sombre et puissant

Abd Al Malik et Laurent Garnier, c'est l'histoire d'une rencontre. Artistique bien sûr - les deux hommes ont notamment collaboré sur la bande originale du film d'Abd Al Malik, Qu'Allah Bénisse La France -, mais surtout humaine. Ils se sont rencontrés il y a une dizaine d'années et se sont toujours juré de travailler ensemble, un jour.

Retour au rap, donc, pour celui qui s'est aussi essayé au slam. Ce cinquième album est une collision entre deux univers cousins, qui se nourrissent et s'inspirent l'un l'autre : le rap beaucoup plus âpre, saccadé et brutal d'Abd Al Malik et les nappes sonores d'un Laurent Garnier à la production. Une rencontre tout ce qu'il y a de plus naturel pour le rappeur : "Le rap, c'est ça, cette capacité à se nourrir de tout ".

L'ambiance, ici, est froide et sombre. Dans cet album, Abd Al Malik fait son introspection ; il raconte son adolescence entre les barres d'immeubles du quartier de Neuhof à Strasbourg, la violence, cette époque où il était dealer, et où il a vu certains amis mourir.

Profond et fascinant, cet album est une oeuvre singulière dans la carrière d'Abd Al Malik. Alors que l'homme s'est intéressé ces dernières années aux maux de la société, notamment dans ses écrits, il se concentre cette fois sur lui, son passé et ses failles. Après cinq livres, cinq disques et un film, Abd Al Malik se livre encore un peu plus. A vif, parcouru par un sentiment de radicalité et d'urgence, Scarifications est définitivement l'oeuvre la plus personnelle, et donc la plus intéressante, d'un artiste complet.

Scarifications, d'Abd Al Malik (Le Label [PIAS]). Sortie le 6 novembre.